« Chéri.e, ce soir on mange du plastique ». Cette annonce n’est en rien fictive,… Elle repose sur une étude de l’université australienne de Newcastle relative à l’ingestion de plastique par les humains. Et les résultats de cette étude, réalisée à la demande du WWF, sont quelque peu indigestes.

Après l’âge de pierre, l’âge du bronze et l’âge du fer, l’humanité semble entrée dans l’âge du plastique. La production de plastique vierge a en effet été multipliée par 200 depuis le début des années 50 et connaît une croissance que rien ne semble pouvoir freiner.

Cette frénésie de production (et de consommation) est responsable d’un véritable désastre environnemental et sanitaire : 75 % de toutes les matières plastiques produites sont aujourd’hui des déchets, dont une part importante échappe à toute gestion ou recyclage. Ces déchets mal gérés se retrouvent dans la nature. Ils contaminent ensuite l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons et les aliments que nous mangeons.

 

Un tiers des déchets plastiques produits se retrouvent dans la nature, soit 100 millions de tonnes en 2016. Source : WWF

Du plastique dans nos verres

Une nouvelle étude, réalisée à la demande du WWF par l’université australienne de Newcastle, révèle qu’« une personne pourrait ingérer en moyenne 2000 particules de plastique par semaine » ou encore 5 grammes de plastiques par semaine, soit l’équivalent de la quantité de microplastique contenue dans une carte de crédit. Après avoir passé à la moulinette l’ensemble des données existantes sur l’ingestion de plastique par les humains, les chercheurs ont notamment mis en évidence la présence de micro-plastiques dans l’eau potable.

Quel que soit l’endroit du monde où nous vivons et nos habitudes (eau du robinet ou eau en bouteille), il semble aujourd’hui impossible d’échapper à cette contamination. « Une personne (…) pourrait potentiellement ingérer 1769 particules de plastique chaque semaine, uniquement à partir de l’eau qu’elle boit ». Et ceux qui pourraient être tentés de remplacer l’eau par de la bière ne sont pas à l’abri… Une bière contiendrait 10 particules de plastique en moyenne.

Les fruits de mer contaminés

Les fruits de mer constituent une autre source d’ingestion importante, représentant jusqu’à 0,5 grammes par semaine (182 particules de microplastiques). « Cela s’explique par le fait que les fruits de mer sont consommés entiers, y compris leur système digestif, après une vie passée dans des mers pollués par le plastique ». Coquillages, escargots de mer, crustacés… sont tous concernés.

Quel est l’impact de cette contamination par ingestion, voire par inhalation (microplastiques en suspension dans l’air) ? Nul ne le sait encore précisément car « les effets à long terme de l’ingestion de plastique sur le corps humain ne sont pas encore bien documentés », mais les scientifiques soupçonnent que les risques de celle-ci pour notre santé pourrait être « bien plus important qu’on ne le croit actuellement. »

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime pour sa part que les niveaux actuels de microplastiques présents dans l’eau potable ne « semblent pas présenter de risques pour la santé », mais appelle à renforcer la recherche sur les microplastiques et à prendre des mesures énergiques contre la pollution plastique. Il est urgent d’agir, avant qu’Homo sapiens ne se transforme en Homo plasticus.

Alexandrine Civard-Racinais

 

Pour en savoir plus : « De la Nature aux humains : jusqu’où iront les plastiques ? Revue des études existantes sur l’ingestion de plastique par les humains », Analyse pour le WWF par Dalberg et The University of Newcastle Australia, juin 2019.

« Pollution plastique : à qui la faute ? », WWF, mars 2019.

 

Zoom sur les microplastiques

Les microplastiques sont définis comme des particules de plastiques de moins de 5 mm de diamètre.

  • Les microplastiques primaires sont des plastiques libérés directement dans l’environnement sous forme de petites particules (microbilles de gel douche, abrasion des pneus…) ;
  • Les microplastiques secondaires sont des microplastiques issus de la dégradation de morceaux de plastique (sacs décomposés, objets plastique…).

 

 

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