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Présentée par certains comme la panacée contre la pandémie de Covid-19, l’hydroxychloroquine, un analogue de l’antipaludique chloroquine, fait débat au sein du monde médical malgré des résultats prometteurs du Professeur Didier Raoult. Explications.

Avec 656 cas graves confirmés, 149 hospitalisations dont 41 en réanimation et 13 décès à déplorer au 23 mars, l’épidémie de Covid-19 (ou SARS-CoV-2) s’amplifie en Nouvelle-Aquitaine. En parallèle, la course aux traitements a débuté. Cinq retiennent particulièrement l’attention des spécialistes. Parmi eux, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), un antipaludéen analogue de la chloroquine (autre anti-malaria) indiqué dans le traitement de maladies chroniques comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde. Il a montré des résultats préliminaires encourageants contre le nouveau coronavirus.

Hydroxychloroquine : une recommandation chinoise

L’hydroxychloroquine recommandé en février 2020 par deux chercheurs chinois, a ensuite été testé sur 20 patients par le Pr Didier Raoult, infectiologue directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, à Marseille.

Au bout de 6 jours, 70 % des patients traités étaient « virologiquement » guéris (aucune charge virale détectée) contre 12,5 % dans le groupe des 16 cas contrôles. Un effet encore plus spectaculaire a été montré chez les patients qui ont, en plus de l’hydroxychloroquine, bénéficié d’un antibiotique, l’azithromycine, efficace contre les infections respiratoires.

Ces résultats positifs ont transformé en quelques jours le Pr Raoult, également membre du comité scientifique Covid-19 qui conseille le gouvernement, en star du Net et notamment des réseaux sociaux.

Un essai clinique européen avec 800 patients français

Toutefois, cet essai fut vivement critiqué par une partie de la communauté scientifique, entre autres à cause de son nombre réduit de patients.

Néanmoins, le gouvernement français, d’abord réticent, a finalement demandé à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) d’explorer cette piste. Ainsi un essai clinique européen, baptisé Discovery, destiné à évaluer l’efficacité et l’innocuité de quatre traitements expérimentaux contre le Covid-19, dont l’hydroxychloroquine, a démarré le 22 mars. Coordonné par l’Inserm, cet essai inclura au moins 800 patients français atteints de formes sévères du nouveau coronavirus.

Des effets secondaires et interactions médicamenteuses

En Chine, près d’une vingtaine d’essais cliniques sont en cours pour explorer l’efficacité de cette molécule. Et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a ajouté l’hydroxychloroquine dans les recherches prioritaires contre le nouveau coronavirus.

Toutefois, il faut rester prudent : l’hydroxycholoroquine possède des effets secondaires et provoque des interactions médicamenteuses avec d’autres traitements chez des patients en réanimation. Elle a d’ailleurs été placée par l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) sur la liste II des substances vénéneuses, via un arrêté du 13 janvier, et n’est disponible que sur prescription médicale.

Les hôpitaux l’adoptent, les laboratoires pharmaceutiques en produisent

Face à l’urgence sanitaire, l’IHU-Méditérranée Infection et l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, entre autres, proposent néanmoins le Plaquenil à leurs patients, en attendant des preuves plus solides de son efficacité et de son innocuité. Plusieurs laboratoires (Sanofi, Novartis, Milan, Teva…) qui produisent de l’hydroxychloroquine se sont engagés à donner des millions de doses.

Le ministre de la Santé a par ailleurs annoncé avoir suspendu toutes les exportations de la chloroquine, dont l’hydroxychloroquine est dérivée, pour anticiper une forte demande sur le territoire. Tout en assurant que le Haut conseil de santé publique (HCSP) recommande de ne pas utiliser l’antipaludique chloroquine, sauf pour des formes graves et sous surveillance médicale stricte.

 

Florence Heimburger

 

Un décret encadre l’usage de l’hydroxychloroquine
mise à jour jeudi 26 mars à 16h40 :

Un décret vient d’être publié ce 26 mars 2020 comme l’avait annoncé le ministre de la santé : « l’hydroxychloroquine et l’association lopinavir/ritonavir peuvent être prescrits, dispensés et administrés sous la responsabilité d’un médecin aux patients atteints par le Covid-19 ». Le décret privilégie les patients traités dans le cadre notamment de polyarthrite rhumatoïde et de lupus.

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