De nombreuses idées reçues circulent sur le Covid-19. Curieux traque les fake news avec un spécialiste, le professeur Hervé Fleury, qui a co-fondé en 1971 le laboratoire de virologie du CHU de Bordeaux.

1-Les hommes ont davantage de risques d’en mourir. VRAI

L’enquête chinoise évoquée ci-dessus montre aussi que 63,8 % des décès touchent des hommes. Selon l’Agence nationale de santé publique italienne, 60 % des malades du Covid-19 testés dans le pays sont des hommes et 70 % des personnes qui en meurent appartiennent aussi à la gent masculine. Un constat déjà observé lors d’épidémies liées à un coronavirus tels le Sras (SARS-CoV-1) et le Mers (MERS-COV).

À cela plusieurs hypothèses : une fragilisation de l’organisme pour les Chinois, plus nombreux à fumer que les Chinoises. En Italie, un régime alimentaire plus équilibré et un diabète de type 2 moins répandu chez les femmes. Par ailleurs, le chromosome X, dont les femmes sont dotées en double exemplaire, porterait des facteurs génétiques renforçant la riposte immunitaire. D’autre part, les œstrogènes féminins sont plus protecteurs.

2-Le groupe sanguin O résiste mieux au virus, le A moins bien. VRAI

Une pré-étude chinoise menée sur 1775 patients dans trois hôpitaux de Wuhan et de Shenzen (Chine) montre un lien entre la sensibilité au nouveau coronavirus et le groupe sanguin. Ces travaux, à confirmer, révèlent que les personnes du groupe sanguin A ont un risque sensiblement plus élevé d’infection et de gravité que les personnes de groupe sanguin O, qui elles seraient mieux protégées. L’étude conclut que les personnes de groupe A nécessiteraient une prévention et un suivi en cas d’infection renforcés.

3-Seules les personnes âgées peuvent être gravement atteintes. FAUX

Les personnes de tous âges peuvent être infectées, y compris des enfants. Toutefois, une enquête du Chinese Center for Disease Control and Prevention (CCDCP) basée sur 72 314 patients chinois (tous les cas recensés en Chine à partir du 11 février 2020) montre que le taux de mortalité augmente avec l’âge : 8 % chez les septuagénaires, 15 % après 80 ans mais aucun décès chez les moins de 9 ans. Depuis le 24 mars, on déplore néanmoins le décès d’une adolescente francilienne âgée de 16 ans. Il s’agit de la plus jeune victime en France. Un bébé de moins d’un an est décédé aux États-Unis samedi 29 mars.

Une étude publiée dans la prestigieuse revue The Lancet le 9 mars 2020 et menée sur 191 patients hospitalisés aboutit à des conclusions similaires.

« Le Covid-19 peut aussi affecter sévèrement des personnes jeunes », rappelle le Pr Fleury. D’ailleurs, en France, « 50 % des personnes en réanimation ont moins de 60 ans », avait indiqué le professeurJérôme Salomon, directeur général de la Santé, le 18 mars. Et 7 % des décès touchent des personnes de moins de 65 ans.

Par ailleurs, la vie des personnes souffrant de comorbidité est davantage menacée : ainsi, selon l’enquête du CCDCP, les personnes affectées par des cardiopathies ont un taux de mortalité de 10,5 %, de diabète de 7,3 %, d’une maladie respiratoire chronique (comme la broncho-pneumopathie chronique obstructive, BPCO) de 6,3 %, les hypertendus de 6 % et les patients soignés pour un cancer de 5,6 %.

Les personnes atteintes d’une maladie rénale chronique, d’un déficit immunitaire (VIH, greffe…) ou obèses (avec un indice de masse corporelle supérieure à 40 kg/m2) risquent aussi une forme grave voire fatale de la maladie.

 

Propos recueillis
par Florence Heimburger

Image par Konstantin Kolosov de Pixabay

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