eau robinetImage par Karolina Grabowska de Pixabay

En partenariat avec « Sud Ouest », Curieux vous donne rendez-vous chaque semaine avec une « Petite leçon de sciences ». Aujourd’hui, le parcours de l’eau du robinet

En France, elle provient à 62% des nappes souterraines et à 38% des eaux de surface (rivières, lacs, retenues…). Avec de fortes variations selon les régions : en Bretagne et dans les régions montagneuses où le sol est granitique, il y a peu de réserves souterraines et tout vient des eaux de surface. En Alsace, c’est le contraire. Mais l’approvisionnement n’est pas forcément proche, ni en distance ni dans le temps : l’eau qui approvisionne la Métropole bordelaise est tombée il y a 15 à 20 000 ans dans le Massif Central et provient de captages dans des nappes qui se sont infiltrées jusqu’ici.

L’eau pompée est ensuite acheminée vers des usines de production d’eau potable. Et là, on traite. On clarifie d’abord pour les matières en suspension : tamisage, floculation (pour agglomérer artificiellement des matières qui sont ainsi entraînées par le fond) puis filtration sur lit de sable. Puis on désinfecte, le plus souvent avec du chlore. Ce petit goût désagréable, c’est ce qui prouve que le chlore (qui n’a pas de goût) a bien dissout les bactéries et virus. De plus en plus, on affine avec de nouveaux traitements. Puis on achemine via 900 000 km de tuyaux, de plus en plus fins au fur et à mesure que l’on s’approche du consommateur. Le plus souvent, on compte sur la gravitation pour que l’eau produite pousse celle qui est déjà dans les tuyaux. Pour mettre la pression, on stocke l’eau en hauteur, dans les châteaux d’eau. Mais de plus en plus, ce sont des pompes qui font ce travail.

Qu’est-ce qu’on fait des eaux usées ?

C’est presque le même parcours que pour arriver au robinet… mais dans le sens inverse. Elle est collectée par le réseau, avec parfois des près-filtrages (pour les restaurants et leurs huiles, les garages, les industries…). Et acheminée vers des stations d’épuration. Là, elle est de nouveau filtrée à trois reprises par ordre décroissant de la taille des déchets avant d’être traitée pour être dépolluée. La plupart du temps par ‘boues activées », c’est à dire des bactéries issues de traitements précédents et qui sont sélectionnées pour décomposer les matières polluantes. Dans les petites communes, on peut faire filtrer l’eau par des roseaux qui retiennent les polluants et les décomposent. L’eau est ensuite remise dans la nature. Elle n’est pas considérée comme potable même si théoriquement, elle doit être suffisamment propre pour pouvoir être bue sans danger. Les boues restantes servent à l’agriculture ou seront incinérées dans un processus très gourmand en énergie.

Vrai du faux : On ne peut pas boire d’eau de pluie.

Oui et non. Les pouvoirs publics le déconseillent car comme elle a traversé l’atmosphère basse, elle est chargée de ses pollutions. En outre, elle ne contient pas assez de minéraux pour bien se fixer dans l’organisme. Mais si on a vraiment soif, on ne s’empoisonnera pas.

Va-t-on manquer d’eau ?

Oui, sûrement. Certes, le pays dispose de 193 milliards de m3 de réserves potentielles pour une consommation actuelle de 32 milliards de m3. Mais avec le réchauffement climatique qui va restreindre les pluies (et les rendre plus orageuses et donc inutiles pour les nappes) et accroître les périodes chaudes, il faudra faire très attention à la ressource. Selon les projections, la demande mondiale en eau par personne va augmenter de 50% d’ici 2030 et la population croître de 30% alors fatalement, certains pays ont de quoi s’inquiéter. En Europe, l’Espagne et la Grèce seront touchées par ces pénuries. Mais en France, la Bretagne avec ses faibles réserves et le Sud-ouest avec sa  forte consommation agricole sont particulièrement concernés.

Jean-Luc Eluard

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