C’est l’angoisse nocturne : celle de l’araignée au plafond aperçue avant de s’endormir, dont on se demande quand elle va avoir la perversion de nous tomber dessus. Détendons-nous et pensons à autre chose, ce qui est une maigre consolation : comment fait-elle pour tenir ? Eh bien simplement parce qu’elle est petite

C’est déjà un prérequis : à part quelques exceptions notables, toutes les bestioles qui traînent au plafond ou sur les murs ont une masse suffisamment faible pour que la force de la gravité terrestre soit aisément compensée par d’autres forces. Et parmi celles-ci, c’est la force de Van der Waals qui permet de rester au plafond sans passer en force. Prenons une araignée (ou une mouche, si vous n’aimez pas les araignées, et ça marche aussi avec les punaises et quelques dizaines de bébêtes du même acabit, mais pas uniquement des insectes) : au bout de chacune de ses pattes, elle est équipée de milliers, voire de millions de petits poils d’une taille microscopique. C’est cette multiplicité et cette taille, de l’ordre du micron ou moins, qui va créer les liaisons intermoléculaires de la force de Van der Waals.

Les liaisons chimiques classiques sont fortes et permettent la cohésion des molé- cules, qui ne peuvent être séparées que difficilement. La force de Van der Waals est beaucoup plus faible et ne fonctionne qu’à très petite distance. Même si les poils
des bestioles sont électromagnétiquement neutres, ils agissent comme un aimant à l’échelle moléculaire en interagissant avec les surfaces: même faible, cette force reste supérieure à celle de la gravité pour ces bêtes d’un faible poids.

Théoriquement, la force de Van der Waals peut aider certaines bêtes à adhérer jusqu’à 170 fois leur poids, mais, dans les faits, le plus impressionnant est le gecko, un lézard méditerranéen, qui ne pèse que 50 grammes alors qu’il faut une force de 2 kilos pour le décoller. En labo, en analysant les sétules (les petits poils) qu’il a sous les pattes, on a estimé qu’il pouvait théoriquement porter un poids de 130 kilos sans se décrocher. Dans la vraie vie, cependant, notre ami se garde bien de jouer les hercules.

Mais c’est la mouche qui est l’insecte le plus adapté aux acrobaties plafonnières : outre les pulvilles (petites pelotes de poils) qui ornent chacune de ses pattes, elle est également équipée d’une glande qui produit une sorte de colle ainsi que de deux griffes pour assurer le coup. Bref, elle peut faire la maligne au plafond, elle ne risque pas tomber.

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