Modern woman smoking e-cigarette and using her laptop computer while sitting at street

Simples d’utilisation, au goût sucré et au nom racoleur, les puffs ou cigarettes électroniques jetables ont tout pour séduire les adolescents. Le docteur Nathalie Lajzerowicz, médecin addictologue à l’Hôpital suburbain du Bouscat (33), nous  explique les risques

Apparues en France à l’automne 2021, les « puffs », cigarettes électroniques jetables, ont envahi les cours de récréation des collèges et lycées. Leur principal atout est un goût sucré aguicheur : barbe à papa, marshmallow, banane, coconut, fruits rouges, etc.  Mais aussi un emballage coloré ressemblant à un paquet de bonbons, une utilisation plus simple que la vape « classique »…

Les « puffs » peuvent compter sur un effet de mode propulsé par les réseaux sociaux : sur TikTok, de nombreux ados exhibent leur collection de « vapotes » de dernière génération. Sous l’aspect de stylos miniatures inoffensifs, elles renferment 600 bouffées. Cela correspond à l’équivalent de 2 paquets de cigarettes à inhaler.

Pourtant, ces e-cigarettes conçues par deux Californiens et made in China ne sont pas anodines : à l’instar des cigarettes électroniques « classiques », le taux de nicotine contenu dans les puffs varie entre 0 et 17 mg/ml. La loi interdit la vente d’e-cigarettes aux mineurs mais le contrôle de l’âge, aisément contourné sur les sites de vente en ligne, n’est, dans les faits, pas toujours facile chez les buralistes.

« Dangereuses pour les ados »

Les puffs « sont dangereuses pour les ados », souligne le docteur Nathalie Lajzerowicz. Pour plusieurs raisons : « elles ont toutes un goût sucré qui peut majorer la consommation avec des inhalations répétées et rapprochées, qui, surtout chez le jeune, risquent de provoquer des nausées, vertiges, malaises… ».

Par ailleurs, certaines « puffs » achetées sur Internet dépassent les limites autorisées de 20 mg/ml de nicotine. « Or on sait que l’impact négatif de la nicotine inhalée sur le cerveau en construction de l’adolescent est bien plus fort que chez l’adulte, alerte le Dr Lajzerowicz. Cela engendre une baisse de la mémoire et de la concentration. De plus, des zones cérébrales sont modifiées, réduisant la capacité de décision avec une difficulté à changer ensuite le comportement adopté. »

Un cerveau plus facilement accro

« Le jeune cerveau en développement est particulièrement enclin à multiplier rapidement les récepteurs de dépendance nicotinique, indique l’addictologue. Plus l’ado commence tôt, que ce soit la puff, la vape ou le tabac fumé, plus il va ancrer une dépendance forte et durable », précise le médecin. Difficile pour les jeunes, dans ce contexte, de décider de faire appel à son médecin traitant ou à un addictologue pour se faire aider !

En outre, contrairement aux produits de vapotage vendus en France, les « puffs » proviennent de Chine sans aucun contrôle ni normes de qualité du liquide et de sécurité de l’outil.

Se méfier des industriels, rester soi et éviter de polluer la planète

« Les adolescents doivent réaliser que les fabricants cherchent à les piéger pour vendre leurs produits au plus grand nombre, souligne le Dr Nathalie Lajzerowicz. Cela permet aux industriels d’accroître leurs gains. Les adolescents doivent se rappeler que la vraie liberté et la vraie force de caractère c’est de résister à la pression et de rester soi-même. »

Enfin, à l’heure où la jeune génération se préoccupe de la préservation de la planète, le magazine 60 millions de consommateurs vient de rappeler que ces batteries jetables à usage unique qui se multiplient sont autant de déchets nuisibles à l’environnement. À bon entendeur !

Florence Heimburger

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