La France traverse actuellement une canicule précoce : 12 départements, dont sept de Nouvelle-Aquitaine, viennent d’être placés en vigilance rouge par Météo-France. Vingt-cinq sont en vigilance orange. Un phénomène qui devrait s’intensifier dans les prochaines heures avec des pointes à 40°C. Et qui pourrait devenir la norme dans les années à venir avec le dérèglement climatique. Explications d’un prévisionniste de Météo-France
« La France va cramer ! », a alerté le présentateur météo de BFMTV Marc Hay en évoquant les températures anormalement élevées de ce mi-juin, alors que l’été ne fait que commencer.
Et pour cause : « La France est actuellement traversée par un panache de chaleur (« plume » en anglais) car on a une dépression au large de la péninsule ibérique qui tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Cela fait remonter l’air chaud d’Espagne et du Sahara, explique Olivier Cabanes, responsable adjoint des prévisions du Sud Ouest. Par conséquent, les températures montent progressivement : cet après-midi, il fera 38°C dans la région. Le pic absolu sera atteint vendredi et samedi avec 40°C prévus à Bordeaux. On risque de battre le record de juin alors que nous ne serons que le 17 juin. C’est un record précoce. »
12 départements en vigilance rouge et 25 en orange
Météo-France a placé 12 départements, situés principalement dans le grand quart du Sud-Ouest, en alerte canicule vigilance rouge jusqu’à samedi inclus : il s’agit d’une canicule exceptionnelle par sa durée, son intensité, son extension géographique, à fort impact sanitaire pour tout type de population, et qui peut entraîner l’apparition d’effets collatéraux notamment en termes de continuité d’activité.
« Les températures ne baissent pas la nuit même au plus frais : dans le Sud-Ouest, elles dépasseront 37°C le jour et 22°C la nuit. Or, la température corporelle doit diminuer la nuit. Conséquence : les organismes fatiguent plus vite, d’où une surmortalité pour les plus fragiles », explique Olivier Cabanes.
Le changement climatique incriminé ?
« Avec ces événements, on voit bien l’effet du dérèglement climatique, souligne l’expert prévisionniste. Les experts du GIEC (Groupe d’experts inter-gouvernemental sur l’évolution du climat) alertent depuis longtemps sur le fait que les événements extrêmes vont se multiplier : ils seront plus fréquents, plus intenses, plus longs et avec une temporalité qui diffère, ils seront plus précoces ou plus tardifs. Depuis la canicule de 2003, qui a fait 15 000 morts, on a vécu plusieurs épisodes caniculaires à des niveaux jamais atteints auparavant en termes de durée et de températures : en 2011, en 2015, en 2017, en 2019 (41,2°C à Bordeaux !)… De nombreux records sont régulièrement battus sur plusieurs stations météo installées après-guerre. »
Et d’ajouter : « Aujourd’hui, le risque d’occurrence de ce type de canicule est d’une année sur dix; en 2030, ce sera une année sur cinq et en 2050 une sur deux. La canicule sera devenue la norme, selon les prévisions des chercheurs du GIEC en qui j’ai entière confiance. »
Sur les 41 vagues de chaleur détectées depuis 1947, 9 ont eu lieu avant 1989, contre 32 entre 1989 et 2019. Il y a donc eu trois fois plus de vagues de chaleur ces trente dernières années que durant les quarante-deux années précédentes. « Depuis 2010, cela s’est accentué : il y a eu 17 vagues de chaleur, soit autant que sur la période 1947-2000 », signale Le Monde dans un article récent sur le sujet.
Bonne nouvelle pour l’immédiat : samedi soir, de grosses perturbations orageuses devraient faire redescendre le thermomètre à 30°C dimanche, et lundi, on devrait retrouver des températures plus standards pour un mois de juin.
Florence Heimburger
Santé Publique France vient de rappeler les conseils et gestes simples à adopter par tous pour se protéger des fortes chaleurs. Les voici :
- boire régulièrement de l’eau, sans attendre d’avoir soif ;
- se mouiller le corps (au moins le visage et les avant-bras) avec de l’eau tiède plusieurs fois par jour ;
- manger en quantité suffisante des plats légers et riches en eaux (fruits et légumes) ;
- ne pas boire d’alcool (qui déshydrate) ;
- éviter de sortir aux heures les plus chaudes (11h-21h en cas de canicule) et passer plusieurs heures par jour dans un lieu frais (cinéma, bibliothèque, musée…) ;
- éviter les efforts physiques ;
- maintenir son logement au frais (fermer les fenêtres et volets la journée, les ouvrir le soir et la nuit s’il fait plus frais) ;
- prendre régulièrement des nouvelles de ses proches, surtout les plus fragiles ;
- appeler le Samu (15) en cas de malaise.
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