La Banque de France organise ce mercredi 6 juillet à 18h30 les rencontres de la politique monétaire pour expliquer comment lutter contre l’inflation et le rôle de la Banque de France dans cette lutte. Lors de cette conférence retransmise en direct, Vincent Bignon, économiste à la Banque de France, présentera une étude sur la politique monétaire auprès des citoyens français. Interview

 

Pourquoi avoir mené une étude sur la compréhension de la politique monétaire par les citoyens ?

La première raison est liée au fait que la Banque de France, au même titre que les autres Banques centrales de la zone Euro détermine la politique monétaire de la Banque centrale européenne. L’Eurosystème, dans sa revue stratégique de 2021, a décidé qu’il était important de rendre des comptes aux citoyens sur le mandat qui lui avait été confié.

En effet, quand les Français ont voté pour le Traité de Maastricht en 1993, ils ont voté pour l’objectif que devait poursuivre la Banque centrale. Cet objectif est la stabilité des prix, mais il y a aussi les objectifs secondaire de contribuer aux politiques de l’Union Européenne, et donc de contribuer à la politique climatique de l’Union ou de ne pas accroître les inégalités.
Les banques centrales doivent aussi rendre des comptes devant leur parlement national. Mais elles ne sont pas en dehors de la société et doivent communiquer vers le grand public. C’est l’objectif de ce rapport et de l’évènement de restitution de ce mercredi 6 juillet 2022 à la Banque de France.

Quels sont les grands enseignements de l’étude que vous allez présenter ?

Les enquêtes menées par d’autres institutions indiquent que le pouvoir d’achat était une préoccupation importante pour les Français. Nous sortions du Covid pendant laquelle la hausse des prix était nulle. En juin 2022, l’inflation en France est de 5.8% et de 8,6% en zone euro.

L’objectif de l’enquête est donc en premier de demander aux citoyens quels sont les défis économiques prioritaires. Parmi ceux-ci figurent le changement climatique, l’exclusion sociale, le chômage et les inégalités. Mais 60 % des sondés répondent l’inflation ou le pouvoir d’achat. C’est énorme : c’est le premier défi économique !

Et ce qui nous intéresse, c’est de comprendre les profils des citoyens ayant l’inflation ou le pouvoir d’achat comme priorité numéro 1, en fonction de leur expérience de vie ou de leur situation. Pour une Banque centrale ayant au cœur de son action la stabilité des prix, c’est important. Pour cela, nous allons entrer dans une phase d’analyse de l’enquête pendant plusieurs mois.

Comment la Banque de France peut-elle répondre à cette inquiétude ?

L’enjeu est en effet la réponse à apporter aux citoyens. Et cela passe par la communication de la Banque de France vers le grand public comme on le fait avec la conférence de ce mercredi.
La Banque centrale est chargée de préserver la valeur de la monnaie donc d’éviter l’inflation. Il ne faut pas que les gens pensent que leur monnaie va valoir de moins en moins dans les mois et les années à venir. Comme la Banque centrale fait son travail, cela ne va pas arriver. C’est pourquoi la Banque centrale européenne augmente les taux d’intérêt. Et en tant qu’économistes, nous devons expliquer au plus grand nombre tous ces mécanismes économiques. C’est en réalisant cette communication ou cette médiation que l’on y parviendra.

Propos recueillis par
Alexandre Marsat

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