C’est la période difficile pour les délicats du naseau : les transports en commun débordent de chaleur humaine. Dit plus crûment : ça pue la sueur.

Et pourtant, la sueur n’a pas d’odeur. Elle est composée à 99 % d’eau et de diverses babioles qui, spontanément, n’en ont guère plus : 0,9 g/l de sodium (du sel, d’où le goût salé), 0,2 g/l de potassium, 0,015 g/l de calcium et 0,013 g/l de magnésium. Une vraie eau minérale… Plus quelques métaux en quantité infime (zinc, cuivre, fer, nickel et chrome). Mais, contrairement à ce qu’on pense, aucune des toxines qu’une bonne sudation serait censée évacuer et pour lesquelles on s’enferme dans un sauna. Elles restent dans le corps et n’entrent pas dans la sueur. Voilà donc pour la composition moyenne, chaque individu ayant ses propres mélanges en fonction d’une grande variété de paramètres. Dont l’alimentation. Certains composés alimentaires ne sont pas éliminés par la digestion et sont évacués par la peau. C’est le cas notamment pour l’ail, les épices mais aussi l’alcool, qui acidifie la sueur alors que d’autres aliments, s’ils n’influent pas sur l’odeur, accentuent la transpiration, comme le café, le thé ou le chocolat.

Une fonction sociale

Tout cela est bien bon mais vos narines ne vous trompent pas : ça sent mauvais quand on transpire. Il faut attendre un peu que les bactéries aient fait leur travail : les millions de petites bestioles qui vivent sur notre peau se nourrissent en effet des éléments compris dans la sueur. Elles les décomposent en molécules qui, elles, ont une odeur et qui, étant plus petites, sont plus susceptibles d’être ventilées aux quatre vents. C’est de là que vient l’odeur. S’ajoute à cela que la composition n’est pas la même partout sur le corps. Nous avons deux types de glandes sudoripares : les glandes eccrines sont réparties sur tout le corps et produisent une transpiration neutre ; les glandes apocrines, réparties surtout dans les zones de frottement (aisselles, aine) ajoutent du sébum au mélange pour lubrifier tout ça afin d’éviter les irritations.
Manque de chance : non seulement cela accroît l’odeur de la sécrétion mais, en plus, les bactéries apprécient beaucoup les endroits chauds et humides et sont nettement plus nombreuses pour se goberger.

Et donc… ça fouette. Mais il ne faut pas tomber non plus dans la bromophobie (la phobie des odeurs corporelles, surtout les siennes) : l’odeur a une fonction sociale un peu négligée, notamment en termes de séduction, car elle permet aux phéromones mélangées dans la transpiration d’atteindre des narines éventuellement complaisantes. Ça ouvre des perspectives plus alléchantes qu’une simple histoire de bactéries…

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