Quel risque nous guette au coin du bois ou au détour de nos sentiers de randonnées ? Sarah Dion, et Brice Autier, enseignants de parasitologie à la faculté de Pharmacie de Rennes, effectuent leurs recherches à l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (Unité mixte de recherche INSERM, Université de Rennes 1 et l’EHESP) sur un drôle de parasite, Echinococcus multilocularis, qui, disséminé avec les excréments de renard, peut infecter accidentellement l’homme

La maladie, l’échinococcose alvéolaire, provoquée par Echinococcus multilocularis, un petit ver plat du renard, est rare. Seulement 30 à 50 cas sont diagnostiqués par an en France. Cependant les conséquences sont graves. Dans les tissus de l’homme, le parasite prend la forme d’une masse hétérogène qui évolue comme un cancer et qui, aujourd’hui, ne peut être éliminé que par chirurgie. Cette maladie sévit plutôt dans les zones rurales de l’est de la France, en Lorraine, Rhône-Alpes et le Massif central. Là où son hôte définitif, le renard, règne en maître. Depuis une trentaine d’années, la situation évolue. La limite de la zone endémique française se déplace vers l’ouest et de plus en plus vers les villes. Alors, pour prévenir du risque, mieux vaut connaître le cycle du parasite.

L’homme, un hôte accidentel

Promenons-nous dans les bois, pendant que le p’tit ver n’y est pas… Aucune chance de le détecter à vue : Echinococcus multilocularis est microscopique et surtout « multi-vers ». Il change de forme selon son hôte. Petit ténia deviendra adulte dans l’intestin du renard. « Il se reproduit dans son hôte définitif sous forme d’un petit ver de quelques millimètres, et pond des œufs qui sont expulsés dans les excréments. Le mythe de l’infestation via l’urine de renard est complètement fake », explique Brice Autier, pharmacien biologiste dans le service de parasitologie-mycologie au CHU de Pontchaillou à Rennes. « Les excréments se dégradent dans l’environnement et les œufs, qui peuvent résister plus de deux mois, se retrouvent, invisibles, dans la terre, l’eau et les végétaux près du sol. Puis les rongeurs, qui sont ses hôtes intermédiaires, se contaminent en mangeant ces œufs, qui se transforment alors en larves ».  Maître renard, par l’odeur alléché, les croquent et la boucle est bouclée ! Sauf quand l’Homme passe par là. Mais pour le parasite, c’est une voie de garage puisqu’il met beaucoup plus longtemps pour se développer (10 à 15 ans). Et, surtout, l’homme n’est pas mangé par le renard.

Se laver les mains, ne rien mettre à la bouche et cuire les produits de la cueillette

Selon Sarah Dion, « Les chasseurs ou les vétérinaires qui sont en contact direct avec le renard sont particulièrement exposées, car son pelage peut contenir des œufs. Pour les promeneurs, le risque est moins grand mais il existe. Mieux vaut cependant adopter les gestes de prévention. Évitez de mâcher des brindilles ou de porter des végétaux à votre bouche. Lavez-vous les mains au savon et cuisez les champignons et les baies que vous ramassez. À plus de 60 °C, les œufs sont tués. Attention, les renards vont de plus en plus dans les jardins privés. Ces mesures sont aussi valables pour le jardin et le potager. Portez des gants et lavez vos mains et vos salades. Cela vous évitera également d’attraper la toxoplasmose ».

Sophie Nicaud

Source : https://afef.asso.fr/la-maladie/maladies/echinococcose-alveolaire/

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