Allez, cette fois, c’est parti. Après des années à vous entraîner sous la douche, vous allez montrer l’étendu de votre talent vocal dans une chorale. Et c’est évident, vous allez bien chanter. Et peut-être envisager, pourquoi pas, une carrière solo. Sauf que… hé bien non. Car même si vous chantez juste en groupe, vous pouvez rester une casserole seul. Sauf sous la douche

Si vous chantez bien en groupe et mal en solo, il y a des explications rationnelles. Et même deux, pour être exact. La première vient d’une musicologue de l’université de Baylor : Georgia Green. En 1994, elle a remarqué que les mauvais chanteurs, s’ils sont seuls, n’arrivent pas à se corriger. Mais ils ont tendance à le faire au contact de gens qui chantent juste.

C’est un effet d’entraînement qui tend à hisser le niveau d’ensemble d’une foule par imitation des meilleurs chanteurs. Plutôt positif. Sauf que si on s’approche un peu, on constate qu’il reste quand même d’irréductibles canards boiteux que l’on n’entend pas de loin. Pourquoi ?

Selon le mathématicien Lucas Lacasa de l’université de Queen Mary à Londres, c’est l’auditeur qui se laisse abuser. Les sons que nous entendons sont l’interprétation des vibrations de l’air par notre cerveau. Ils n’ont pas de réalité en soi.

Donc, face à une foule qui multiplie les petites imperfections du son, notre cerveau choisit de ne garder que la note « moyenne », celle vers laquelle tout le monde tend et qui est la plus proche du son juste. Il en a d’ailleurs tiré une équation dont on vous fait grâce.

La douche réverbère

Alors, vos magnifiques performances sous la douche ? Demandez à vos voisins : il y a de fortes chances qu’ils aient un jugement plus nuancé… C’est un peu la même explication. Votre cerveau n’a retenu que ce qui l’arrangeait.

Et ce d’autant plus facilement que s’ajoute là un phénomène acoustique bien connu, résumé par « l’équation de Sabine », du physicien Wallace Sabine. On peut la résumer en disant que les sons dégagent une énergie acoustique qui doit se dissiper quelque part. Or, plus la pièce est grande et vide, moins elle se dissipe et cela donne un phénomène de réverbération. Il y a alors de quelques micro-secondes jusqu’à quelques secondes pendant lesquelles le son « traîne » encore et nous revient. On a donc le temps d’entendre que l’on chante faux. Comme les salles de bains sont des pièces généralement petites et encombrées, il n’y a pas de réverbération et le son ne nous revient pas. Sans retour, on est Freddy Mercury tous les matins.

C’est bon pour le moral

Reste que ce n’est pas une raison pour ne pas chanter. Selon une étude de l’université britannique East Anglia, chanter en chorale diminue le stress et l’anxiété. Ce serait dû au fait que cela renforce la sociabilisation au travers d’une activité agréable. Et peut-être aussi que l’on croît chanter mieux.

Cela est confirmé par une étude du Royal College of Music de Londres qui, en mesurant dans la salive des chanteurs de chorale la production d’hormones liées à la régulation du stress, a découvert que les hormones provoquant le bien-être et l’apaisement étaient en augmentation à la fin de 70 minutes de pratique. Il ne reste plus qu’à beugler en chœur.

Jean Luc Eluard

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