Lorsque les températures baissent, les poissons disparaissent. Ou du moins, on les voit beaucoup moins. Mais que deviennent-ils ? Ils sont là… mais loin des regards

Oh bien sûr, les poissons auraient bien la possibilité d’aller voir ailleurs s’il fait plus chaud. Il y a bien des poissons migrateurs. Mais que ce soit l’anguille ou le saumon, ils ne se déplacent que pour se reproduire et non pas pour prendre des vacances au soleil. Alors les poissons font avec le froid pour la bonne raison que chaud ou froid, ils s’en fichent. Ou presque.

Car ils sont dit poïkilothermes, c’est-à-dire que leur température corporelle, et donc celle de leur sang, peut varier fortement et s’adapte à la température de leur milieu. Contrairement à nous, mammifères, qui sommes homéothermes et avons donc une température optimale dont on ne peut pas trop dévier.

Le moins froid, c’est au fond de l’eau

Mais malgré tout, il ne faut pas exagérer et la plupart du temps, les poissons cherchent à limiter le plus froid. Ils profitent donc d’un particularisme de l’eau par rapport à la plupart des autres liquides : elle n’atteint pas sa densité maximale à son point de fusion mais à environ 4°C. Donc l’hiver, lorsque l’eau en surface se refroidit, l’eau la moins froide se retrouve au fond des étangs où elle ne redescend jamais en dessous des 4°C. Les poissons se posent alors sur le fond, où ils ralentissent fortement leur métabolisme pour une sorte d’hibernation. On ne les voit donc pas batifoler en surface pour se nourrir comme lorsqu’il fait doux.

Et ce, quelle que soit la température de l’air car même si la surface de l’eau gèle, la transformation d’un liquide en solide provoque une émission de chaleur, appelée chaleur latente, qui va contribuer à maintenir la température en dessous supportable. Du moins pour un poisson. Sous nos latitudes, même en cas d’hiver très rigoureux, le fond de l’eau ne gèle jamais. Et même : le sang des poissons ne gèle qu’à -1°C environ, ce qui laisse une petite marge de manœuvre.

Une protéine pour antigel

Elle est plus importante pour ceux qui vivent près des pôles. La formation de cristaux de glace dans leur sang pourrait les tuer alors ils ont développé une protéine dans le sang qui leur sert littéralement d’antigel. Un cas intéressant d’évolution convergente : qu’elles soient au Pôle Nord ou Sud, des espèces très différentes et sans aucun lien ont développé la même protéine pour survivre.

Par contre, tous les poissons ne sont pas aussi à l’aise pour faire avec le froid. Certains se réchauffent en bougeant de temps en temps pour augmenter leur chaleur interne. C’est le cas notamment du thon et du grand requin blanc qui ne restent jamais immobiles pour ne pas se refroidir. Mais a priori, il n’existe qu’un seul poisson « à sang chaud » : l’opah, ou saumon des dieux, gros poisson de la famille des poissons-lunes. En fait, il n’est pas vraiment comme nous qui maintenons une température constante. Lui se contente de maintenir sa température corporelle légèrement au-dessus de celle de son environnement.

Jean Luc Eluard

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