Des chercheurs américains ont mis au point un test sanguin permettant de déceler 50 types différents de cancers, dont certains auparavant difficiles à diagnostiquer. Explications

Mammographie, frottis, coloscopie… Et si tous ces examens de dépistage du cancer, plus ou moins invasifs, pouvaient être remplacés par une seule prise de sang ? Ce « rêve » est en passe de devenir réalité. En effet, une étude menée par des chercheurs américains a montré qu’un test sanguin de détection précoce multi-cancers (test MCED de l’anglais multi-cancer early detection) permettait de dépister plusieurs cancers à des stades précoces. Présentée par Deborah Schrag, oncologue au Memorial Sloan Kettering Cancer Center, à New-York (États-Unis), lors du Congrès annuel de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO) à Paris, cette étude marque un tournant majeur dans ce domaine de recherche.

36 cancers dépistés à un stade précoce

Le test sanguin, nommé Galleri et développé par la biotech américaine Grail (Graal en anglais), consiste à détecter l’ADN tumoral circulant dans le sang, un signal cancéreux commun à plus de 50 tumeurs différentes. Il a été utilisé chez 6621 personnes en bonne santé âgées de 50 ans et plus, avec ou sans facteurs de risque de cancer (tabagisme, prédisposition génétique…). Pour 1,4 % des patients (soit 92 personnes), le test est revenu positif. Chez 38 % d’entre eux (soit 35 personnes), le diagnostic de cancer a été confirmé. En revanche, il y a eu 62 % de faux positifs (57 personnes).

Sur les 35 personnes à qui les médecins ont diagnostiqué un cancer, 36 types de cancer différents ont été trouvés : lymphome, cancer du sein, colorectal, de la prostate, leucémie, oropharyngé, du foie, des poumons, du pancréas, des ovaires, des os… Des tumeurs que l’on ne sait pas toutes dépister précocement, ce qui réduit les chances de survie. « Pour 26 types de cancer identifiés, il n’existe pas aujourd’hui de moyen de dépistage précoce », a souligné le docteur Schrag.

Une version améliorée en cours d’évaluation dans une cohorte de 140 000 patients

Néanmoins, si le test fut performant, il généra trop de faux positifs. En effet, sa spécificité, c’est-à-dire la probabilité qu’une personne non atteinte d’un cancer reçoive un résultat négatif au test sanguin, est de 99,1 %. En revanche, sa valeur prédictive positive (VPP), c’est-à-dire la probabilité qu’une personne testée positivement ait bel et bien un cancer, est de 38 %, trop faible !

Toutefois, le test présente un autre avantage : il oriente sur l’origine du cancer. « C’est une aide aux médecins pour savoir dans quelle direction poursuivre les investigations », a déclaré l’oncologue américaine.

Une version perfectionnée a d’ores et déjà été mise au point par Grail. Elle présente une spécificité et VPP améliorées avec respectivement 99,5 % de « vrais » négatifs détectés et 43,1 % de « vrais » positifs.

Cette nouvelle version est en cours d’évaluation sur une cohorte anglaise de 140 000 personnes au National Health Service en Grande-Bretagne. Objectif : réduire encore la proportion de faux-positifs et améliorer la prédiction de l’origine du cancer.

Le docteur Schrag a souligné l’importance de poursuivre le dépistage standard des cancers du sein et colorectaux en attendant l’arrivée de tests sanguins de dépistage précoce.

Florence Heimburger

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