Retenir un numéro de téléphone, se rappeler où l’on a posé ses clés ou retrouver le nom d’une célébrité : à chaque instant, nous faisons appel à notre mémoire… ou pas. Présente partout, elle est victime de « neuromythes ». En voici deux qui ont la vie dure.

1- On a une bonne ou une mauvaise mémoire

Non, nous n’avons pas « une » bonne ou « une » mauvaise mémoire, car nous avons différents types de mémoire : la mémoire de travail, épisodique, sémantique, perceptive, procédurale ou encore sensorielle. 

Toutefois, il est vrai que certaines personnes font preuve d’« une » mémoire phénoménale et sont par exemple capables d’égrener par cœur de nombreuses décimales du nombre pi ou de trouver en quelques secondes la racine carrée d’un nombre de cent chiffres. Mais pour l’instant aucun facteur génétique identifié n’explique ces performances. Certes, des centaines de gènes impliqués dans l’apprentissage et la mémorisation ont été recensés chez les souris de laboratoire. 

Les individus dotés d’une mémoire prodigieuse invoquent généralement diverses stratégies liées à leurs performances : associations de chiffres à des couleurs ou des formes, intégration d’informations dans un récit et autres astuces mnémotechniques…

Néanmoins, rabâcher une information de nombreuses fois en un temps court pour la mémoriser, comme peuvent le faire les étudiants la veille de leurs partiels, ne serait efficace… qu’à très court terme. 

2- Visuelle ou auditive ?

Selon la théorie des styles d’apprentissage, certains élèves seraient davantage « visuels », d’autres « auditifs » et d’autres encore « kinesthésiques ». Ils comprendraient et retiendraient mieux quand les leçons leur sont présentées sous forme graphique, auditive ou tactile. 

En réalité, il n’en est rien. D’abord parce que la palette est plus large : le chercheur anglais Frank Coffield a même répertorié 71 déclinaisons de styles d’apprentissage en combinant visuel, auditif ou kinesthésique, cerveau droit ou gauche, analytique ou synthétique, rationnel ou émotionnel… Ensuite, parce que les manières d’apprendre sollicitent à des degrés plus ou moins élevés différentes catégories, et non une seule clairement délimitée.

En outre, aucune étude n’a réussi à prouver pour l’heure que lorsqu’un élève suit spontanément sa méthode préférée, il apprend mieux qu’un autre à qui la méthode a été imposée. La littérature scientifique conclut à l’intérêt de la présentation multimodale d’informations pour acquérir des connaissances. 

Florence Heimburger

Cet article est issu du livre 100 Fake news face à la science publié par Curieux chez First éditions

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