Très tendances, les dentifrices blanchissants sont en plein essor. Mais sont-ils réellement efficaces ? Et sûrs ? Le point avec le chirurgien-dentiste Kévin Panero

« Un sourire de star en moins de 9 jours », « Dents blanches en une semaine « , etc. Les promesses des dentifrices et autres produits de blanchiment ne manquent pas d’audace. Mais ce marketing cache souvent une inefficacité voire des dangers.

D’abord, que sont les dentifrices blanchissants ? « Ils fonctionnent principalement de deux manières, par une action mécanique (abrasion) et par une action chimique (oxydation)« , explique le dentiste Dr Kévin Panero.

Des agents abrasifs doux et d’autres chimiques

En effet, ces produits contiennent généralement des agents abrasifs doux, tels que le silicate d’aluminium hydraté, le carbonate de calcium ou le phosphate dicalcique. Le dentiste qui donne aussi des conseils sur son compte Instagram précise : « Ces agents aident à éliminer les taches de surface sur les dents en « frottant » mécaniquement les particules colorées. Les dentifrices blanchissants peuvent aussi contenir des agents chimiques oxydants tels que le bicarbonate de soude. Cet agent alcalin et légèrement abrasif peut aussi aider à éliminer les taches de surface et à rétablir l’équilibre du pH dans la bouche. »

Sont-ils efficaces ? « Ils peuvent l’être pour enlever les taches de surface comme celles de tabac par exemple, mais attention, l’effet blanchissant est éphémère », pointe le professionnel de santé.

« Et à long terme, à force de diminuer l’épaisseur de l’émail, le tissu de couleur jaune situé dessous, la dentine, risque d’apparaître en transparence », met en garde Sarah Brigonnet, chirurgienne-dentiste et autrice d’une thèse sur la dimension toxicologique des dentifrices, dans un article publié le 20 septembre 2022 dans 60 Millions de consommateurs.

Le blanchiment se fait chez le dentiste

« Il est préférable de demander à son chirurgien-dentiste avant d’utiliser un tel dentifrice car dans certaines situations comme par exemple une érosion de l’émail importante, son usage est totalement déconseillé. Utilisé quotidiennement, il accentue la perte d’émail, le manteau protecteur des dents, et provoque des sensibilités dentaires », explique la chirurgienne-dentiste.

Si vraiment, vous souhaitez y recourir, préférez un dentifrice blanchissant peu abrasif et qui contient du fluor. Le hic ? Les consommateurs n’ont aucun moyen de connaître le pouvoir abrasif des dentifrices. Car rien ne contraint les fabricants à mentionner l’indice d’abrasivité de la pâte, mesuré lors d’un nettoyage standardisé en laboratoire, allant de faiblement abrasif (0-70), à fortement abrasif (150-250).

« En cabinet, il existe d’autres alternatives comme les traitements au gel de peroxyde de carbamide. Ces traitements sont plus efficaces que les dentifrices blanchissants et préservent les dents car ils ne sont pas abrasifs. Ces traitements ne présentent pas de risque pour les dents si le dentiste respecte le protocole et la concentration du produit », indique le docteur Kévin Panero.

Avant d’effectuer un blanchiment en cabinet (et a fortiori à la maison), il est indispensable de faire vérifier l’état de ses dents par un dentiste : hypersensibilité, émail abîmé et dents cariées sont des contre-indications.

Limiter café et thé, et se brosser les dents

Autre moyen de conserver un sourire éclatant et sans taches : limiter (voire éviter) sa consommation de café et de thé, qui altèrent la blancheur naturelle de l’émail, et se brosser les dents. Le faire toujours de la gencive vers la dent avec une brosse souple et un dentifrice contenant du fluor (dosé en fonction de l’âge enfant/adulte), qui aide à renforcer l’émail et à prévenir la déminéralisation. Mais il ne faut pas utiliser le sodium lauryl sulfate, qui peut irriter les muqueuses, ou le triclosan, un antimicrobien fortement suspecté d’être perturbateur endocrinien.

En 2017, plus de 200 scientifiques venant de 29 pays ont lancé l’Appel de Florence afin d’interdire son utilisation. Malgré cela, certaines marques continuent à l’ajouter dans leurs dentifrices.

Autre ingrédient problématique : le dioxyde de titane (ou l 77891 ou E171), potentiellement cancérigène. Or, on en met dans sa bouche plusieurs fois par jour et tout au long de sa vie. Interdit dans l’alimentaire, il ne l’est pas dans les dentifrices et nombreux sont ceux qui en contiennent. Bref, ouvrez l’œil avant la bouche !

Florence Heimburger

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