Elles s’égrènent comme un chapelet depuis l’entrée de l’estuaire de la Gironde jusque sur la Dordogne et la Garonne. Ces nombreuses îles font partie du paysage estuarien. Habitées, cultivées ou bien juste visitées le temps d’une journée ensoleillée, elles ne sont
pas si figées que cela.

En témoignent l’île de Plassac, sur laquelle de la végétation s’installe, mais aussi la plus médiatique
« île de Cordouan », découverte après la tempête Klaus au niveau de l’entrée de l’estuaire. Car, aussi surprenant que cela puisse paraître au profane, les îles naissent et disparaissent. Éric Veyssy, hydrogéographe et directeur de l’association Terre & Océan, explique : « D’un côté, la Garonne apporte des sédiments depuis les massifs montagneux et, de l’autre, l’Océan, à marée haute, va stopper ces sédiments. Si 2 millions de tonnes de sédiments transitent chaque année par la Gironde, 700 000 tonnes en moyenne demeurent. » Des bancs de sable peuvent alors se former. Souvent, l’homme force le destin de la nature. La rectification de la Garonne au XIXe siècle pour la navigation a modifié le chapelet d’îles. À l’époque, pour préserver le débit du fleuve et que la profondeur soit correcte, des bras secondaires ont été condamnés (digues ou dépôts de dragage). En amont de Bordeaux et jusqu’à Rions, des îles ont ainsi été raccordées à la rive.

Sédiments et crues

Ici, l’île la plus connue est l’île d’Arcins, que les automobilistes aperçoivent en traversant la Garonne par le pont Mitterrand. Comme d’autres, elle est certainement le résultat des rivières qui arrivent des deux côtés de la Garonne. « Les sédiments stoppés à certains endroits par le croisement des courants des affluents peuvent expliquer la sédimentation. Elles peuvent être aussi apparues par les successions de crues importantes avant le XXe siècle. » Des crues qui ont charrié du sable et du gravier de manière plus massive jusque dans l’estuaire. « Pour qu’une île se forme, il faut un socle relativement solide de sable et de gravier. Puis, quand cela commence à être plus émergeant, on a des argiles qui arrivent. La végétation peut prendre alors place avec des herbes pionnières », poursuit Éric Veyssy. Cette végétation fixant les sédiments, l’île commence à se maintenir. Une île étant très fertile, le cercle vertueux démarre. Mais attention, l’estuaire et ses fleuves formant un corps vivant, une île peut se déplacer ou bien disparaître au gré des tempêtes et des marées hautes, surtout si elle n’est pas endiguée.

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