L’été, avec la chaleur et la sueur, la tentation de se doucher se fait plus forte. Entre préconisations hygiéniques et soucis d’économiser l’eau, savoir quel est le bon dosage ne coule pas forcément de source. Décryptage

C’était en 1951. Une enquête publiée dans le magazine féminin Elle fit scandale. Elle révélait que seule une femme sur deux se lavait le corps tous les jours. Pour les cheveux, c’était moins d’une fois par semaine pour les ¾ des femmes, bien souvent faute d’équipements sanitaires et d’eau chaude.

Aujourd’hui, progrès oblige, ce sont 80 % des Françaises qui procèdent quotidiennement au lavage de leur corps en entier, selon une enquête IFOP. Côté hommes, le chiffre est légèrement inférieur avec 73% de Français qui se savonnent des pieds à la tête chaque jour.

Source de bonne santé, cette démocratisation d’accès à l’hygiène interroge pourtant aujourd’hui. N’est-on pas tombé dans un excès hygiéniste inverse alors que s’impose une urgence de préserver les ressources en eau de la planète et de réaliser des économies d’énergie ?  

Économie d’eau : une douche de 5 minutes suffit à assurer son hygiène

Nos besoins en eau, juste pour nous laver, sont en effet loin d’être minimes. Selon le Sispea, l’Observatoire national des services d’eau et d’assainissement, la consommation moyenne d’eau domestique par habitant par jour en France serait de 148 litres, soit l’équivalent du volume d’eau d’une baignoire. Or, cette eau est majoritairement utilisée pour l’hygiène corporelle (39 % des usages quotidiens). 

A titre d’exemple, quand nous prenons un bain, nous utilisons à minima 150 litres et pour une douche courte de 5 minutes, cela nécessite de 35 à 60 litres d’eau. La douche serait le moyen de se laver le plus privilégié selon l’Ifop. Près de 65% des Français déclarent se doucher pour se laver. On peut donc à priori s’en réjouir. Pas si simple.

Un sondage de BVA, lui, indique que les Français resteraient en moyenne 9 minutes sous la douche, ce qui représente in fine presque le volume d’un bain. Il semblerait donc qu’on se lave surtout… trop longtemps. Pourtant, selon les dermatologues, cinq minutes de douche suffisent à bien assurer son hygiène corporelle. Avec quelques astuces à la clé :  stopper le filet d’eau lorsqu’on se savonne le corps ou le temps de se laver les cheveux. 

Santé : une douche tous les deux ou trois jours, c’est possible

S’il va de soi que deux douches par jour est excessif, peut-on pour autant ne pas se doucher tous les jours sans conséquence pour son hygiène et sa santé ? Pour les dermatologues, seule une toilette quotidienne des zones sujettes aux colonies bactériennes, telles que les aisselles, les interstices entre les orteils et les parties intimes, est suffisante. Un lavabo ou un bidet et un gant suffissent. Dès lors, prendre une douche seulement tous les deux ou trois jours n’est pas un problème.  

En revanche, si on a beaucoup transpiré, de par une forte chaleur ou en faisant du sport, ou si la peau a subi des agressions liées à la pollution, se laver entièrement de la tête au pied est préconisé. Pour autant, il est important de savoir que plus on se lave fréquemment, plus on risque d’assécher sa peau, notamment si on utilise des produits parfumés ou contenant des conservateurs. Autant ne pas trop frotter, utiliser la paume de la main et un savon doux qui ne décape pas.

Canicule : le piège des douches froides

Lors de fortes chaleurs ou dans les pays au climat chaud, la tentation est aussi forte de multiplier les douches, notamment froides. A tort ou à raison ? Si s’asperger d’eau permet d’hydrater son corps ou de se nettoyer après avoir sué, en revanche, utiliser de l’eau froide est contre-productif. Pour maintenir sa température à 37°C sous l’effet de l’eau froide, le corps va puiser dans ses réserves énergétiques, ce qui va augmenter sa chaleur. La sensation de fraicheur ne sera ainsi que passagère. Mieux vaut une courte douche tiède et boire beaucoup pour s’hydrater.

Qui consomme le plus d’eau pour se laver ?

Selon le Centre d’information sur l’eau (Ciau), plus le niveau de vie est élevé, plus l’utilisation de l’eau augmente. Les adultes seraient plus « consommateurs » d’eau que les enfants ou les personnes âgées et les sportifs se placent au-dessus de la moyenne avec environ 200 litres d’eau utilisés par jour. On trouve aussi des différences de consommation selon les régions Nord ou Sud en fonction du climat, du type d’habitats individuels ou non, de la présence de jardins ou de piscines, d’activités touristiques, etc. Par exemple, on consomme 109 litres/jour en région Nord-Pas-de-Calais contre 228 litres/jour en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Marianne Peyri

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