Malgré les lois et les avancées récentes, les femmes continuent de toucher des salaires inférieurs à ceux des hommes. Même si les filles sont plus diplômées que les garçons… On vous explique pourquoi

500 euros en plus chaque mois, ce n’est pas rien ! C’est en effet, en moyenne, ce que les hommes touchent en plus comme salaire par rapport aux femmes, en France. Selon les chiffres 2021 de l’Insee, cet écart de revenus est évalué en moyenne à 24%, dans le privé tous temps de travail confondus, plein et partiel. Si l’on se base uniquement sur un temps de travail équivalent, cet écart se réduit à 15%.

La première raison de ces différences de revenus vient du fait qu’une femme sur trois travaille à temps partiel contre 1 homme sur 10. Les hommes effectuent également plus d’heures supplémentaires. Ces temps partiels qu’ils soient choisis ou subis s’expliquent bien souvent par le fait que les femmes continuent de se charger, davantage que les hommes, de l’éducation des enfants et des taches ménagères.

Autre cause : même si les filles sont meilleures à l’école que les garçons, les femmes se dirigent ou « sont dirigées » encore majoritairement vers des métiers dits « féminins » et moins rémunérateurs. Il s’agit de ceux du médico-social, des services à la personne, des sciences humaines, du secrétariat, etc. Et ce au détriment des métiers scientifiques et techniques, généralement mieux rémunérés.

Chez les cadres supérieurs, les femmes se heurtent également au fameux « plafond de verre », soit la difficulté à occuper des postes de manager ou de dirigeantes. Ainsi, dans cette catégorie de salariés, les femmes cadres gagnent 16 % de moins que les hommes cadres. Cerise sur le gâteau de l’injustice et particulièrement révélateur d’une discrimination de genre : à temps de travail et à postes équivalents, les femmes cadres gagnent 5,3% de moins que les hommes.

Des stéréotypes qui persistent

De nombreux progrès ont pourtant été réalisés. Imaginez, dans les années 1960, les hommes gagnaient, tout temps de travail confondus, 60% de plus que les femmes (Insee). Des lois ont été promulguées en France pour tendre vers cette égalité salariale notamment en 2006, sur la mixité des conseils d’administration en 2011 et des instances de direction en 2021. Malgré tout, alors que la part des femmes qui détiennent un BAC+ 2 est plus élevé que celle des hommes depuis le début des années 2000, les inégalités sont toujours là. Elles seraient dues aussi aux stéréotypes de genre, ces valeurs intériorisées et inculquées par la société, l’éducation, la publicité…

Clotilde Coron, professeure à l’université Paris-Saclay pointe leur persistance dans son ouvrage « Stéréotypes de genre et inégalités professionnelles entre femmes et hommes. Quelles responsabilités pour les organisations ? (Éditions EMS, parution en mars 2023). Parmi les préjugés les plus courants : les femmes doivent continuer à se rendre disponible pour leur vie familiale, elles sont moins compétentes dans la prise de décision, c’est aux hommes de ramener de l’argent à la maison, les enfants risquent de souffrir si leur mère travaille… D’autres stéréotypes influent plus sournoisement sur le supposé « manque du sens de l’orientation des filles », sur l’idée que « les poupées c’est pour les filles et les camions pour les garçons », etc…

Des pistes de progrès

Ces préjugés genrés, selon Clotilde Coron, se réduisent cependant de façon rapide en France depuis les années 2000, plus vite même que dans d’autres pays européens. Les pistes de progrès se jouent sur ces stéréotypes mais peuvent être également structurelles. Selon l’économiste, Rachel Silvera, l’augmentation du SMIC, salaire minimum touché davantage par les femmes, leur serait profitable. On peut rêver aussi à une revalorisation des métiers dits « féminins ». Sachant que ce sont surtout les femmes, mère d’enfants, qui pâtissent de ces inégalités salariales, les entreprises ont aussi un rôle à jouer lors des recrutements, pour ne pas pénaliser sur les questions de mobilité, pour favoriser les réseaux de cooptation de femmes, pour « féminiser » l’image des métiers techniques.

On peut tabler aussi sur une évolution des mentalités au moment de la prise de décision de l’orientation vers tel ou tel métier pour les filles. Selon l’Observatoire des inégalités, si la tendance des dix dernières années se maintenait, il faudrait encore plus de 30 ans pour résorber l’écart actuel de salaire de 24%.  

Marianne Peyri

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