Bonne nouvelle, en France, les émissions de CO2 de l’aviation sont en baisse. Mais d’autres éléments sont à prendre en compte pour connaitre l’impact réel de l’aviation sur le climat 

En 2021, le transport aérien a envoyé 12,4 millions de tonnes (Mt) de dioxyde de carbone (CO2 ) dans l’atmosphère, dont 8,8 imputables au transport aérien international. Le transport intérieur ayant pour sa part généré 3,6 Mt de CO2 , bilan en grande partie lié à la desserte Métropole/Outre-mer (2,2 Mt). Ces émissions de CO2 résultent de la combustion de kérosène dans les réacteurs d’avion. Elles participent au renforcement de l’effet de serre et au réchauffement du climat. 

Le secteur aérien représentait en 2019 respectivement 3,8% des émissions de CO2 du secteur des transports (132,1Mt en 2019) et 1,5% des émissions de la France (332,5 Mt en 2019).

Chiffres CITEPA, édition avril 2021. 

Des émissions de CO2 en baisse

Bonne nouvelle, les émissions de CO2 « sont en diminution de 47,4% par rapport à 2019, le trafic ayant diminué de 51,7% en passagers-équivalents », signale la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile) dans son bilan sur les « Émissions gazeuses liées au trafic aérien en 2021 ». Deux années de crise sanitaire sont passées par là. Au pic de la crise de la Covid-19, au printemps 2020, l’activité aérienne a ainsi été divisée par un facteur 4

Sans nier l’impact de cette crise sanitaire sur le secteur, la DGAC voit dans la baisse des émissions de CO2 le signe des « progrès continus du secteur en matière de lutte contre les émissions de gaz polluants et de gaz à effet de serre ». Mais de nombreux experts affichent un certain scepticisme. D’autant que d’autres impacts de l’aviation sur le climat ne sont pas ou peu pris en compte à l’heure actuelle.

Les impacts climatiques de l’aviation. Climaviation, CC BY-NC-ND

Une non prise en compte des effets « non CO2 »

La combustion de kérosène dans les réacteurs d’avion ne génère pas que du dioxyde de carbone (CO2). Il produit aussi de la vapeur d’eau, ainsi que des polluants gazeux comme les oxydes d’azote (NOx), ou des particules microscopiques en suspension dans l’air comme des suies ou des sulfates. 

Ces effets  dits « non-CO2 » sont tout aussi délétères. « La vapeur d’eau émise par les avions est un gaz à effet de serre qui tend à réchauffer le climat quand elle est émise en altitude. Mais, surtout, elle est à l’origine de traînées de condensation quand les conditions atmosphériques permettent leur formation – et la transformation occasionnelle de celles-ci en nuages cirrus », expose Grégoire Dannet, responsable du projet Climaviation (Sorbonne Université), et co-auteur d’un article en ligne sur The Conversation.

Or l’effet de serre réchauffant des trainées d’avion et des cirrus, déjà évoqué dès 1999 dans un Rapport spécial du GIEC consacré à « L’aviation et l’atmosphère planétaire », est aujourd’hui bien documenté.

En l’état actuel de nos connaissances, poursuit l’auteur, il est avéré que « les effets non-CO2 de l’aviation ont, dans l’ensemble, un effet réchauffant sur le climat. Il est donc pertinent d’essayer de les réduire pour diminuer l’impact total de l’aviation sur le réchauffement ». Et ne pas se focaliser uniquement sur les émissions de CO2 au risque de sous-estimer l’impact réel du transport aérien sur le réchauffement climatique. 

Alexandrine Civard-Racinais                                                               

Qui calcule les émissions de CO2 de l’aviation ?

Le calcul des émissions imputables à l’activité de l’aviation en France est effectué par la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile). Elle utilise pour ce faire le calculateur TARMAAC (traitements et analyses des rejets émis dans l’atmosphère par l’aviation civile), qui permet de quantifier les émissions selon le type d’avion, le type de moteur, la liaison (origine-destination), le temps de roulage, etc.

Avec le soutien du Ministère de la Culture

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