26 millions de kilomètres carrés. C’est la superficie du trou de la couche d’ozone qui vient d’être mesurée au-dessus de l’Antarctique. Soit trois fois la taille du Brésil. Faut-il s’en inquiéter ?

Ce « trou », ou plutôt cette zone de déplétion, n’est pas une découverte pour les scientifiques. Sa mise en évidence date du début des années 1980. Il résulte de la destruction de l’ozone stratosphérique par les composés chlorés* des chlorofluorocarbones (CFC), massivement employés lors des décennies précédentes dans les systèmes réfrigérants. Cette destruction intervient après conversion des composés chlorés des CFC en chlore moléculaire (Cl2), puis décomposition du Cl2.

Un phénomène récurrent et fluctuant

La première étape de ce processus nécessite des températures extrêmement basses. C’est le cas pendant l’hiver polaire qui sévit en Antarctique d’avril à septembre : « Il y fait  -80°C dans la stratosphère ! Des nuages de glaces se forment alors (…). C’est à la surface de ces nuages qu’a lieu la conversion des composés chlorés, issus des CFC, en chlore moléculaire Cl2 », indique l’Institut Pierre Simon Laplace sur son site

« En septembre, à la fin de l’hiver polaire en Antarctique, le soleil revient, entraînant la décomposition du chlore moléculaire (Cl2) en 2 atomes de Chlore (Cl) qui détruisent alors l’ozone… » Le trou atteint sa superficie maximale entre mi-septembre et mi-octobre, puis se comble progressivement à mesure que les niveaux d’ozone reviennent à la normale.

2023 : un démarrage précoce et une extension rapide

En 2023, « le trou d’ozone (…) a démarré très tôt et s’est agrandi rapidement depuis la mi-aout » relève Antje Inness, senior scientist au CAMS, le Service de surveillance de l’atmosphère du programme Copernicus de l’ESA. Dans son communiqué, l’ESA souligne que « les caractéristiques inhabituelles de l’ozone de cette année pourraient être associées à l’éruption du Hunga Tonga-Hunga Ha’apai en janvier 2022 ». 

L’éruption de ce volcan sous-marin des îles Tonga a en effet injecté beaucoup de vapeur d’eau dans la stratosphère. Celle-ci « pourrait avoir conduit à la formation accrue de nuages stratosphériques polaires, où les CFC peuvent réagir et accélérer l’appauvrissement de la couche d’ozone ». Les recherches sont en cours.

2023 n’est pas une année record

A la mi septembre 2023, le trou a atteint une taille de plus de 26 millions de km², ce qui en fait l’un des plus grands trous jamais enregistrés. Mais pas le plus grand. Le plus grand trou mesuré dans la couche d’ozone avait atteint la taille record de 29,9 millions de km² en 2000.

En 2020, le trou avait quand à lui déjà flirté avec les 25 millions de km², avant de se refermer fin décembre « après une saison exceptionnelle due aux conditions météorologiques naturelles et à la présence continuelle dans l’atmosphère de substances appauvrissant la couche d’ozone » (source : OMM). Il devrait en être de même cette année.

Alexandrine Civard-Racinais

  • Des composés chimiques contenant du brome (Br) sont aussi impliqués dans la destruction de l’ozone stratosphérique.

Indispensable couche d’ozone

• La couche d’ozone est située dans la stratosphère (entre 10 km et 50 km d’altitude).

• Elle agit comme un bouclier protecteur contre les rayonnements ultraviolets du Soleil. 

• Elle absorbe en particulier les rayons UV-B, nocifs pour tous les êtres vivants sur Terre.

A Savoir

Les concentrations en ozone sont surveillées en continu depuis la signature du  Protocole de Montréal (1987) qui a abouti à l’interdiction de la production des composés halogénés (dont le chlore et le brome). Depuis quelques années, la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique montre des signes de reconstitution, même si sa taille varie d’une année à l’autre. Les experts estiment qu’elle devrait retrouver les valeurs de 1980 (avant la découverte du trou) d’ici le milieu du XXIe siècle.

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