Pour l’instant, la prédiction des séismes est impossible. Mais il est possible de prévenir les populations quelques secondes avant l’arrivée des ondes sismiques. Et de sauver des vies

Vendredi 10 novembre 2023, une série de séismes a secoué la péninsule de Reykjanes, dans le sud-ouest de l’Islande. Un tel évènement était-il prévisible ? En l’état de nos connaissances, la réponse est non ! « Un séisme, c’est un tronçon de faille qui casse brutalement. Les failles qui parcourent la planète sont connues et surveillées, mais on ne peut prévoir à quel moment exact elles vont casser », expose sommairement le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff, professeur émérite à l’université Paris-Saclay. 

Pas de signe précurseur validé scientifiquement

Pour le savoir, il faudrait disposer de signaux précurseurs fiables, c’est-à-dire d’observations de phénomènes mesurables précédant systématiquement la survenue d’un séisme. Et ce, qu’il s’agisse de signaux donnés par des réseaux terrestres, des images satellites ou de comportements inhabituels observés chez les animaux.

« En Chine, au Japon, ou ailleurs, on trouve toujours des gens qui affirment que leur canari s’est mis à chanter quelques minutes avant le séisme ou que leur poisson s’est affolé. Certes, certains animaux sont plus sensibles que les humains aux micro-vibrations qui précèdent un séisme, mais cela ne permet pas prédire le moment et l’intensité de celui-ciLe comportement inhabituel des animaux n’a donc malheureusement pas valeur de prédiction », relève Jacques-Marie Bardintzeff. Ni lui, ni aucun autre signe précurseur n’a encore été validé scientifiquement.

À ce jour, les sismologues, ne sont donc pas en mesure d’annoncer qu’un séisme va se produire en donnant un lieu, une date et une magnitude probable suffisamment précis.

Des alertes précoces sont possibles

Si la prédiction des séismes est encore impossible, il existe en revanche des systèmes d’alerte destinés à limiter le coût humain et matériel de ces catastrophes. C’est le cas au Japon, à Mexico-City, Taiwan ou encore à Istanbul. Ces systèmes sont basés sur certains processus physiques connus. « Immédiatement après qu’un séisme se soit produit, les ondes sismiques se propagent dans la croute. Il faut un certain laps de temps pour que les ondes parcourent la distance qui sépare l’hypocentre (le foyer) du séisme et les zones à alerter. C’est ce laps de temps qui est utilisé par les sismologues pour tenter de mettre en place une alerte dite précoce », expliquent les experts de l’Institut des Sciences de la Terre (IST) sur leur site. Mais là encore, ces systèmes peinaient à évaluer rapidement la magnitude du séisme à venir. Or, plus la magnitude d’un séisme est grande, plus grands seront les dégâts causés dans les zones densément construites. 

L’IA au service de la prévention

L’utilisation de l’IA va peut-être changer la donne. Depuis 2020, des chercheurs* travaillant au sein du laboratoire Géoazur ont développé un algorithme d’intelligence artificielle (IA), basé sur des ondes d’origine gravitationnelle se propageant à la vitesse de la lumière. 

Cet algorithme sera prochainement utilisé dans un système d’alerte précoce mis en place au Pérou où les sismologues s’attendent à un très gros évènement sismique (susceptible d’arriver demain comme dans 600 ans). Capable d’analyser les toutes premières secondes d’un signal enregistré par les sismomètres, ce système permettra d’estimer de manière plus rapide et plus fiable la localisation et la magnitude d’un séisme pour envoyer une alerte à la population concernée. En espérant limiter ainsi le coût humain de ce type de catastrophe. 

Alexandrine Civard-Racinais

* Le chercheur Jean-Paul Ampuero  spécialiste de la mécanique et imagerie des séismes au laboratoire Géoazur a reçu la médaille d’argent du CNRS 2023 pour ses travaux qualifiés de « révolutionnaires ». 

Avec le soutien du ministère de la culture.

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