Plusieurs méthodes contraceptives masculines sont aujourd’hui à l’étude. Parmi elles, un gel hormonal capable de supprimer la production de spermatozoïdes, est en cours d’expérimentation à l’international. Le point avec le docteur Olivier Marpeau, gynécologue-obstétricien et influenceur

Petit rappel de nos cours de biologie : hommes et femmes peuvent être fertiles. Pourtant, depuis toujours, ce sont les femmes qui portent l’essentiel du poids de la contraception. Est-ce nécessaire de rappeler que pour les femmes la fertilité se limite à quelques jours par mois, contrairement aux hommes potentiellement fertiles tous les jours ?

Toutefois, progressivement la nécessité d’options contraceptives masculines émerge et la recherche s’intensifie pour offrir aux hommes des alternatives efficaces et réversibles. Mais, pour l’heure, les hommes ne disposent que de peu de solutions : principalement le préservatif, utilisé à 21 % (usage dopé par les campagnes de prévention du sida), et la vasectomie (NDLR : opération qui consiste à obstruer les canaux déférents conduisant les spermatozoïdes), davantage pratiquée en France que la ligature des trompes, mais irréversible.

Réduire drastiquement la production de spermatozoïdes

De nouvelles avancées scientifiques offriraient aux hommes de nouvelles options et un plus grand contrôle de leur fertilité. La recherche sur les contraceptifs hormonaux masculins semble la plus prometteuse. « Ces médicaments agissent sur l’hypothalamus et l’hypophyse, deux glandes cérébrales qui sécrètent les hormones GnRH, FSH et LH. Ces deux dernières régulent la production de testostérone et la maturation des spermatozoïdes. Ainsi, ces traitements supprimeraient la production de spermatozoïdes », explique le docteur Olivier Marpeau*, gynécologue-obstétricien, allias @mon.gyneco sur Instagram (500 000 followers).

Dans cette course, le gel hormonal baptisé NES/T, encore à l’étude, et à appliquer tous les jours sur les épaules, semble distancer ses concurrents. Composé d’un progestatif, la Nestorone, et d’un dérivé de testostérone, il réduit drastiquement la production de spermatozoïdes tout en maintenant dans l’organisme un taux satisfaisant de testostérone, nécessaire au développement des caractères sexuels secondaires masculins : poils, muscles, érection, etc.

Le seuil visé est d’un million de spermatozoïdes par millilitre, soit 50 fois moins que la moyenne.

Un gel efficace et réversible

Après des essais sur des rats et des singes, il est aujourd’hui testé sur 200 volontaires dans quinze centres à travers le monde piloté par les National Institutes of Health (NIH) des États-Unis. Les résultats devraient être connus courant mars 2024, mais « ils vont dépasser tous nos espoirs », a annoncé Diana Blithe, qui coordonne cette recherche aux NIH dans un article du Monde, publié le 9 janvier. Le nombre de grossesses inattendues serait infime et les couples souhaitant concevoir un enfant après l’essai y parviennent, ce qui confirme la réversibilité de la méthode.

« Un bon moyen de contraception doit être efficace, réversible et acceptable au niveau des effets indésirables.  Ce gel semble cocher toutes les cases et serait un immense progrès », souligne le docteur Marpeau.

Vers un partage équilibré de la charge contraceptive ?

Mais le gel pourrait mettre du temps à sortir sur le marché : « Cela fait déjà 12 ans qu’il est en cours d’élaboration, souligne le gynécologue. Une fois commercialisé, je ne doute pas qu’il sera adopté par les hommes et j’espère que les femmes feront confiance à ces derniers. » Et si la responsabilité était désormais du côté de ceux qui éjaculent ?

*auteur de « Mille questions à mon gynéco », éd. JouVence.

Que penser des slips et anneaux chauffants ?
D’autres pistes sont à l’étude comme celle de l’approche thermique, avec le « slip chauffant » et l’anneau contraceptif Andro-switch (https://entrelac.coop/video/) : ils augmentent la température dans les testicules, diminuant la spermatogenèse. « Mais on ne peut pas recommander ces méthodes, indique le docteur Olivier Marpeau, gynécologue-obstétricien. Les autorités sanitaires françaises ne les ont pas validées et elles ne sont ni commercialisées ni remboursées. »

Florence Heimburger

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