Il a fallu plus d’un quart de siècle et surtout une pandémie pour que le télétravail finisse par entrer dans les mœurs. Celles des salariés en premier. Mais aussi celles des employeurs malgré quelques réticences

Selon un sondage, 80% des Français (et 78% de ceux qui le pratiquent) ont une bonne image du télétravail. Mais il y a un problème : les entreprises sont encore modérément enthousiastes. Elles ne sont que 41% à y être favorables pour leurs cadres. Question de taille, surtout : les grandes entreprises sont pour à 72% contre 44% chez les PME et 34% pour les TPE. Simplement parce qu’il est plus simple pour une grosse entreprise de l’organiser et que lorsqu’une personne manque dans une TPE, ça se ressent beaucoup plus.

La France à la traîne sur le télétravail

Des chiffres qui confirment cependant le retard pris par la France dans ce domaine par rapport aux autres pays de l’OCDE. Pourtant, c’est en 1993 que le sujet commence à être évoqué par le gouvernement Balladur et le sujet est inscrit à l’ordre du jour du G7 en 1995 à la demande de la France. Depuis, les autres pays ont progressé et la France a plus ou moins laissé tombé le sujet jusqu’aux années 2010. La faute à une particularité du management à la française qui n’aime pas déléguer et qui privilégie le contrôle des salariés plutôt que la confiance.

Et ce sont exactement pour les mêmes raisons que les salariés l’apprécient particulièrement. Pas étonnant alors que 86% des salariés interrogés constatent une augmentation de leur productivité et 84% une amélioration de la qualité de leur travail lorsqu’ils sont à distance. Côté négatif (pour les salariés) et positif (pour certains employeurs), 57% remarquent aussi qu’ils travaillent davantage.

L’avenir du travail sera hybride

Reste qu’actuellement, la satisfaction pour le distanciel est telle qu’il est devenu normal et même recommandé pour les DRH de proposer une partie télétravail dans les offres d’emploi. Et lorsqu’on les interroge sur l’avenir du travail tels qu’ils le conçoivent, les deux premiers adjectifs qui arrivent en tête avec 29% de citation sont « hybride » et « flexible ».

Hybride parce que c’est la forme que revêt le télétravail actuellement. Passée la grande vague de 100% à distance du premier confinement de la Covid-19, les choses se sont équilibrées. Selon une étude auprès des entreprises qui y ont recours, 26 % des employeurs proposent 1 jour de télétravail, 46 % 2 jours, 23 % 3 jours, 4 % 4 jours. Le « tout télétravail » reste l’exception avec 1%.

Une forme d’équilibre qui rassure employeurs mais aussi certains salariés qui ont du mal à couper le cordon. Parce que le télétravail a également mis à jour certaines inégalités : il est plus facile de le pratiquer à la campagne dans une grande maison qu’au dixième étage d’une tour de banlieue : 33% des télétravailleurs ont un domicile mal agencé pour l’exercice et seuls 16% ont un bureau dédié. L’accès à un extérieur agréable est aussi un critère important pour s’y sentir bien. Et la perte totale de contact avec son employeur permet aussi des licenciements simplifiés : un salarié que l’on ne voit jamais peut être rayé des listes, personne ne s’en apercevra et ça ne crée par une ambiance néfaste.

Salarié heureux, salarié efficace

Dans la balance cependant, la satisfaction générale des salariés devrait permettre la pérennité d’un système qui permet aussi d’échapper à certains collègues. Selon une étude effectuée pendant le premier confinement de la Covid-19, plus de 20% étaient heureux de ne plus voir leurs collègues pénibles et profitaient du choix qu’offre la visioconférence pour se rapprocher de collègues avec lesquels ils avaient des affinités. Et au final, un salarié heureux est deux fois moins malade, six fois moins absent et 31% plus productif.

Jean Luc Eluard

Avec le soutien du ministère de la culture

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