On a souvent l’impression que les personnes âgées ont de plus grandes oreilles et un plus grand nez. La science a fini par le prouver statistiquement. Et par comprendre le pourquoi de cette croissance. Qui n’en est pas une. Explications

Il a fallu attendre 1993 et une étude parue dans le British Medical Journal pour confirmer ce que l’on avait remarqué depuis des siècles, à vue de nez… A savoir que les oreilles et le nez des personnes âgées sont plus grandes que celles des personnes plus jeunes. Parfois, la science ne pense simplement pas à prouver l’évidence. Surtout lorsqu’elle contredit une autre évidence : aucun organe ne grandit une fois qu’on a terminé sa croissance, vers 20 ans. Pourtant, tout le monde constatait ce fait, à tel point que dans les croyances traditionnelles chinoises par exemple, le fait d’avoir de longues oreilles est signe qu’on aura une longue vie. Pas forcément que le loup a mangé mère-grand.

Cette même étude estimait que cette croissance des lobes des oreilles est de 0,22 mm par an. Soit environ 1 cm en 50 ans. Depuis, la mesure s’est affinée et un chercheur allemand a réalisé une étude statistique plus vaste, sur près de 1 500 personnes de 0 à 92 ans. Il y apparaît que la longueur moyenne des oreilles est de 52 mm chez les bébés, 61 mm chez les femmes et 65 mm chez les hommes à 20 ans et respectivement 74 et 78 mm après 70 ans. Soit une croissance de 0,19 mm par an chez les femmes et 0,26 mm chez les hommes.

Un développement lié à la multiplication des cellules

Pour autant, on ne peut pas qualifier cela de « croissance » parce qu’il ne s’agit pas d’un développement lié à la multiplication des cellules. Leur nombre n’augmente plus après la puberté. C’est seulement la gravité qui est en cause. Et l’âge aussi. Parce que nez et oreilles ont une structure de cartilage. Celui-ci est composé de cellules appelées chondrocytes, qui baignent dans une base de collagène et d’élastine. Avec l’âge donc, collagène et élastine se réparent moins bien et le cartilage perd en fermeté. Il soutient moins bien ce qui l’entoure qui, sous l’effet de la gravité, finit par être attiré vers le sol. Les lobes et le bout du nez finissent par s’étirer vers le bas, ce qui les agrandit.

Tout ceci est accentué par l’impression visuelle. En effet, toujours sous l’effet de la gravité, les chairs des joues se mettent elles aussi à descendre. Cela donne une impression de creusement des joues qui, par contraste, laissent davantage apparaître le nez. Une activité accrue des glandes sébacées peut également alourdir la peau du nez qui se détendra alors plus.

Les femmes plus épargnées par cette « croissance »

Pour autant, surtout en ce qui concerne le nez, il n’y a pas égalité entre hommes et femmes. Celui des hommes est, dès le départ, environ 10% plus gros que les femmes. Une différence liée au fait qu’après la puberté, l’homme développe une masse musculaire supérieure et a donc besoin de plus d’oxygène. Mais cette masse supplémentaire va finir par peser davantage dans la balance et avec l’âge (et donc la gravité), le pif des hommes paraît nettement plus imposant. La croissance liée à l’âge est d’ailleurs exponentielle : les grands nez bourbons vont prendre plus d’importance que les petits nez en trompette dont la taille ne va pas vraiment exploser.

Petite consolation : selon certains, cela a pu donner un avantage évolutif. L’accroissement de la taille des oreilles et du nez aurait pu partiellement compenser la perte concomitante de l’ouïe et de l’odorat. On est bien avancés avec ça…

Jean Luc Eluard

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