Obésité, cancer, insomnie, dépressions, maladies cardiovasculaires… Qui est responsable de ce cocktail néfaste ? Le travail. Explications…

« Le travail c’est la santé » dit-on, soutenu en cela par une chanson immortelle dont on oublie souvent le deuxième vers : « Rien faire, c’est la conserver ». Et il semble bien que le principe philosophique soulevé par Henri Salvador trouve sa confirmation dans plusieurs études récentes.

Enfin… ce n’est pas tant le travail en lui même que les conditions de plus en plus désastreuses dans lesquelles on le pratique qui sont la cause de tous ces troubles dont les principaux sont la perte de sommeil, l’obésité… et même les accidents cardiovasculaires.

L’Inserm vient de publier les résultats d’une enquête auprès de 20 600 salariés suivis pendant 25 ans. Elle leur a posé des questions objectives sur leur travail, ainsi que des questions subjectives sur leur ressenti et le résultat donne envie de partir de suite en vacances. Les contraintes matérielles et psychologiques du travail sont responsables d’une augmentation de : 53% de l’obésité, 60% des troubles du sommeil et 113% des dépressions.

Et il y a un corollaire évident : une croissance sensible des maladies cardiovasculaire. Le tout n’étant pas réversible puisque tous ces troubles perdurent après la retraite. L’Institut alerte donc sur la dégradation souvent volontairement provoquées des conditions de travail. L’Inserm souligne aussi qu’elles entraînent une baisse de productivité, une augmentation de l’absentéisme et des dépenses de santé.

Pas mieux le dimanche

Imparable mais pas sûr que toutes ces alertes soient un jour entendues par ceux qui auraient la possibilité (et le pouvoir) de changer les choses. D’autres études antérieures avaient déjà montré la nocivité des conditions de travail. Notamment pour le travail du dimanche (pratiqué régulièrement ou occasionnellement par 31% des Français contre 26% en Europe, autre idée reçue sur les Français qui glandent).

Une étude européenne relayée par l’université de Nanterre montrait en 2005 que cela induit un doublement des troubles du sommeil chroniques et un doublement des accidents du travail. Et, encore une fois, une augmentation des maladies cardiovasculaires.

C’est essentiellement dû aux jours de repos qui ne sont pas consécutifs et à une marginalisation du salarié par rapport à sa famille qui a des conséquences sur son moral. Et puis, allez dormir peinard en semaine quand les gamins et le conjoint se lèvent pour aller bosser. Ces résultats n’ont pas empêché de multiplier les exemptions pour le travail dominical.

Essayez l’ennui, pour voir

Résultats qui corroborent d’autres études sur les horaires décalés qui montrent l’impact des horaires de nuit sur l’ulcère, les maladies cardiovasculaires (encore !), certains cancers et, plus surprenant, sur les capacités cognitives. Une étude franco-britannique a montré que travailler de nuit pendant 10 ans faisait baisser les capacités cognitives (mémoire, attention, vitesse de réaction) de 16,5 ans en moyenne, soit 6,5 ans de plus qu’une personne travaillant de jour. Ce qui serait dû à un trouble du cycle normal veille-sommeil.

Que faire alors ? Avoir un petit boulot peinard ? Même pas : des consultants suisses ont créé en 2007 la notion de « bore-out ». Si on a une activité très inférieure à ses capacités et qu’on garde ce malgré tout ce travail par crainte du chômage, on développe une angoisse générant de la fatigue psychique et c’est reparti pour les troubles du sommeil mais aussi de l’irritabilité, de la perte d’estime de soi…
Le travail devient un problème quand on en a un.

Jean Luc Eluard

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