PHOTO : Jean-Paul Grao

Srii, Srii, Srii… A cette période de l’année, il suffit de tendre l’oreille et de lever les yeux au ciel pour suivre les évolutions des martinets noirs. Ces chevaliers du ciel, capables de passer plusieurs mois dans les airs sans jamais se poser, rentrent tout juste d’Afrique.

Quelques éclaireurs sont arrivés dès le 15 mars dans l’agglomération bordelaise, devançant les autres d’une quinzaine de jours. « Le gros des troupes prend ses quartiers d’été à Bordeaux entre la mi-avril et début mai », souligne Jean-Pierre Gans, responsable du groupe nichoirs pour la LPO Aquitaine.

Les habitués ont retrouvé le nid qu’ils occupaient les années précédentes. Les petits nouveaux ont cherché une adresse adéquate pour y installer « un nid plat doté d’une coupe douillette ». Une anfractuosité dans le mur d’un vieux bâtiment, ou le dessous d’une tuile fait souvent l’affaire. « Quelques centimètres carrés suffisent », la seule exigence du martinet noir étant de disposer « d’assez d’espace devant le nid pour prendre son envol ».

Martinet noir sortant de son nid caché dans un vieux mur de pierre. PHOTO : Daniel Godinou

Bordeaux leur offre le gîte et le couvert

À l’origine cavernicole et rupestre, cette espèce s’est parfaitement adaptée aux constructions humaines, au point d’avoir presque totalement délaissé son habitat originel. À Bordeaux, les martinets noirs sont présents dans le centre historique et à proximité des quais.

La puissance de leur vol les autorisant à aller chercher leur pitance parfois très loin de leur foyer. Cet as de la voltige glane sa nourriture, mais aussi ses matériaux pour le nid, en vol. D’ailleurs cet oiseau fait presque tout en vol, « il mange en vol, dort en vol… », énumère Jean-Pierre Gans « fasciné par cet oiseau atypique » et sa rapidité.

La patrouille de France n’a rien à lui envier

Si le nid des martinets noirs est quasi indécelable, de même que les allers et venues des parents auprès des petits, tant « ces oiseaux sont rapides », les poursuites auxquelles ils s’adonnent autour des bâtiments ne passent pas inaperçues. C’est l’occasion de faire de belles observations avant le départ de ces grands migrateurs « le 30 ou le 31 juillet ».

C’est précis… et vérifiable : « Le 28 juillet, si vous levez les yeux au ciel vous verrez des martinets partout. Le 2 août, vous n’en verrez plus aucun. » Adultes et jeunes seront repartis. Un vrai baptême du feu pour les jeunes de l’année, qui ne poseront plus leurs courtes pattes au sol avant leur retour dans le ciel bordelais l’an prochain.

Alexandrine Civard-Racinais

 

Photo Jean-Paul Grao

 

Comment différencier martinet noir et hirondelle

Contrairement aux idées reçues, le martinet noir est plus proche de l’engoulevent ou du colibri que des hirondelles. Il fait partie de la famille des apodidés et non des passereaux. Ses longues  ailes en forme faux et sa queue fourchue sont souvent responsables de la confusion, mais aucune hirondelle n’est aussi grande que lui et ne vole de la même façon. « Le martinet a une amplitude de battement d’aile très court, presque une vibration, alors que l’hirondelle a battement beaucoup plus ample » souligne Jean-Pierre Gans.

Le martinet noir se caractérise notamment par une grosse tête et un cou engoncé. PHOTO LPO

Observer le martinet noir dans le ciel de Bordeaux

La LPO Aquitaine et  l’association Pétronille proposent une observation des martinets noirs dans le centre historique de Bordeaux. Rendez-vous le vendredi 7 juin à 19h sur la Place de la Bourse. Sortie payante (5€) et sur inscription à la LPO Aquitaine 05.56.91.33.81 ou à l’adresse coralie.pipereau@lpo.fr

 

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