Réviser ses fiches le soir, la nuit qui porte conseil, le rôle de l’émotion dans la mémoire… Yann Humeau, responsable de l’équipe « Synapse et Cognitions » au sein de l’Institut interdisciplinaire de neurosciences de Bordeaux nous éclaire. Soyez attentifs…

Pourquoi apprend-on mieux en révisant le soir ?

« Cela se réfère au phénomène de consolidation. Il y a plusieurs phases pour la mémorisation. Tout d’abord l’encodage qui nécessite d’être soumis à l’élément qu’on doit mémoriser comme un trajet, une problématique à résoudre ou un texte. Il faut alors être attentif au problème posé.

Des processus de réentraînement prennent alors place dans le cerveau, où l’on rejoue les évènements qui se sont encodés. Le tout en deux phases : soit le repos éveillé soit le repos pendant le sommeil.  Ces phénomènes de replay qui apparaissent dans l’hippocampe sont absolument nécessaires pour stabiliser quelque chose qui a été encodé préalablement. Si on empêche ces phénomènes, l’encodage est perdu. Cela se déroule pendant le repos.

Il y a une certaine hiérarchie entre les évènements enregistrés pendant la journée et qui vont être retravaillés pendant le sommeil. Les éléments encodés juste avant le sommeil sont alors consolidés très efficacement. »

La nuit porte-t-elle conseil ?

« Il y a donc deux phases distinctes dans la mémoire : le fait de mettre en place la mémoire puis de la consolider. On lit pendant l’éveil, on consolide ensuite. Des expériences montrent que lorsque l’on est placé devant un problème dont on ne trouve pas la solution, si on fait dormir les personnes, la majorité trouve la solution.

L’attention que l’on porte à un problème permet de l’encoder. En revanche, trop y penser nous emprisonne d’un schéma de pensée. Il est alors retravaillé pendant le sommeil en l’absence des autres contraintes liées à notre éveil (la sensorialité, les distractions) : le cerveau étant non-perturbé par autre chose, il fonctionne à sa vitesse normale.

De toute façon, le sommeil est l’une des fonctions les plus vitales pour les mammifères. Si on subit une privation de sommeil ; on observe une perte cognitive très rapide. »

Peut-on avoir une meilleure mémoire visuelle ou auditive ?

« Dans le fonctionnement de la mémoire, il y a plusieurs entrées sensorielles qui ont des efficacités relatives. Des personnes vont utiliser plus un sens que l’autre pour des activités attentionnelles : ils mobilisent leur attention plutôt vers tel ou tel type de stimulus. Ce n’est pas forcément un choix délibéré mais une capacité d’être focus sur tel ou tel aspect.

La notion d’attention est très liée à la notion d’émotion. Il y a différents modulateurs sur ces entrées sensorielles qui les rendent plus ou moins efficaces à focaliser l’attention sur un sujet et donc à l’encoder. Par exemple, on a la capacité de mieux écouter un prof que l’on trouve fascinant plutôt qu’un autre… »

 

A l’occasion des 80 ans du CNRS, nous avons rencontré
Yann Humeau (IINS) qui nous parle de mémoire.

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