Crédit : Anne Thomas (GPMB)

Tara a pointé son bec orange vers le pont de pierre ce mercredi 6 et jeudi 7 novembre. Loin d’une simple visite de courtoisie, l’équipe de la goélette est en mission. Elle échantillonne les eaux de 9 fleuves européens pour en identifier les pollutions plastiques et mesurer ses effets sur l’environnement. C’est au tour de la Garonne !
On monte à bord

« 80 % des déchets en mer sont originaires des villes et des grands fleuves», explique Valérie Barbe, responsable scientifique à bord et chercheuse au Genoscope-CEA. « Lors de l’expédition de 2014 en Méditerranée, Tara a pris dans ses filets autant de micro-plastiques que de plancton ». Le plastique commence-t-il à se dégrader dans les fleuves ?

Le plastique, c’est toxique

Pour les macros plastiques, aucun doute. L’albatros mort pour avoir confondu ces plastiques avec des poissons et la carapace déformée d’une tortue prise dans une ceinture plastique en témoignent. Ça, c’est le premier effet Kiss-vraiment-pas-cool. Le deuxième est plus pernicieux, car il est invisible. Et si les composants même des plastiques impactaient le métabolisme des organismes marins ? À Bordeaux, le relais est passé au laboratoire EPOC. Charlotte Lefebvre, en deuxième année de thèse, mesure sur les embryons et les larves d’huîtres creuses la toxicité des polluants retrouvés en surface des plastiques immergés un mois avant le passage de Tara.

Charlotte Lefebvre (Laboratoire EPOC, Bordeaux) avec un filet qui sert à récolter le microplastique dans l’eau. Échantillonnage de la surface à 50 m de profondeur en mer. Photo Sophie Nicaud

 

 

Des mini radeaux pour microorganismes

On nage en plein délire ? Si seulement… Après le Tsunami qui a frappé le Japon en 2011, pas moins de 54 espèces de microorganismes endémiques du japon, véhiculées par un morceau de polystyrène, ont été retrouvées au Canada. Ces squatteurs microscopiques colonisent la surface des plastiques et se laissent porter par leur radeau de fortune vers d’autres rivages. Le problème ? Certaines espèces peuvent être invasives et pathogènes. Pour en savoir plus, Tara prélève les microorganismes à la surface du micro-plastique dans le but de les identifier à terre. La caractérisation du polymère permettra de savoir s’il y a un lien entre les espèces et le type de plastique.

Échantillon de microplastiques.
Photo SN

Et comment pêche-t-on les microplastiques ?

À bord du laboratoire flottant affrété par la Fondation Tara Océan, 40 scientifiques se relayent depuis juin 2019 pour pêcher le plastique. Comment s’y prennent-ils ?  Tout le long du fleuve, des filets sont tirés de la surface. Chaque récolte permettra de quantifier, qualifier les microplastiques et d’identifier les microorganismes à leur surface. Des prélèvements d’eau permettront de montrer les différences entre les espèces trouvées sur les plastiques avec celles vivant dans l’eau.

Enquête à suivre…

Sophie Nicaud

Valérie Barbe (Genoscope/ CEA)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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