La foret Amazonienne, vue de la tour d'observation du MUSA. Manaus, Brésil (2018) // Insta: @Sebas_ ; flick.com/SebMar; www.facebook.com/SebMarPhotography

Avec les incendies monstres de l’Amazonie, on s’est tous émus de la perte d’une partie de ce patrimoine. D’autant que la forêt capte le CO2 mais l’Amazonie est-elle LE poumon de la Terre ? Professeur à l’Université de Pierre et Marie Curie et Président du Muséum national d’Histoire naturelle entre 2009 et 2015, Gilles Bœuf, nous répond dans ce « 1 question à »

Notre planète n’a pas un, mais plusieurs poumons

« La forêt Amazonienne absorbe du CO2 et produit de l’O2. Avec ses 6 millions de km², elle est, certes, la plus grande forêt tropicale au monde mais ce n’est pas le seul organe respiratoire de la planète ! Il faut compter avec le Bassin du Congo et les forêts tropicales humides de Bornéo et de Papouasie-Nouvelle Guinée », précise notre expert.

« Et ce n’est pas tout, car nous occultons trop souvent le rôle de l’océan ! D’après le rapport du Giec, si l’atmosphère absorbe 50% des 10 gigatonnes de carbone émises par l’homme chaque année, le reste est absorbé à part égale par les végétaux terrestres et l’océan. Le phytoplancton marin, comme les plantes, fait de la photosynthèse et produit de l’oxygène. Mais si dans le passé, il a généré l’oxygène de notre atmosphère, aujourd’hui, ce gaz est consommé sur place par les organismes marins. »

Un organe au pronostic vital mal engagé

« Cet été, l’augmentation inconsidérée des brûlis perpétrés en Amazonie à des fins agricoles nous ont alertés. Les forêts partent en morceaux… quand elles ne partent pas en fumée ! »

Gilles Bœuf s’interroge, « Entre l’évolution du climat et la gestion actuelle de la forêt, cet « organe » va-t-il pouvoir continuer à jouer son rôle de poumon ? La même question se pose aussi pour l’océan, qui avec le réchauffement verra sa capacité de stockage en carbone de plus en plus limitée. »

Propos recueillis par Sophie Nicaud

 

Les premiers signaux d’alerte sont donnés : une étude récente de l’INRA, du CEA, du CNRS et du CNES montrent que le bilan carbone est en train de s’inverser pour les forêts tropicales. Autrefois positif, il devient aujourd’hui globalement neutre.

 

Pour en savoir plus

 

Photo credit : The French Travel Photographer Amazonie via photopin (license)

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