confinement

Nous voilà claquemurés depuis plus d’un mois. Pourtant, le bilan ne cesse de s’alourdir : on déplore désormais plus de 15.000 morts en France depuis le début de l’épidémie, dont 207 et 67 dans les hôpitaux et EHPAD de Nouvelle-Aquitaine. Le confinement porte-t-il ses fruits ? Pourquoi doit-il et risque-t-il encore de durer ? Éléments de réponse.

En France, pour le sixième jour consécutif, le nombre de patients admis en réanimation dans les hôpitaux a baissé. Quatre semaines après le début du confinement, celui-ci commence enfin à porter ses fruits. Au 31 mars, il aurait épargné 2.600 décès en France et 59.000 dans 11 pays d’Europe (France comprise), selon un rapport de l’Imperial College de Londres. Deux semaines plus tard, probablement le double.

Alors que le Président Emmanuel Macron a annoncé lundi 13 avril un déconfinement progressif à partir du 11 mai 2020, on peut s’interroger sur le confinement : pourquoi est-il si long ? Réponse du professeur émérite Hervé Fleury, virologue co-fondateur du laboratoire de virologie du CHU de Bordeaux : « Un malade est positif via le test de dépistage PCR un à trois jours avant les premiers signes : une asthénie (fatigue), des myalgies (douleurs musculaires), de la fièvre, une toux, des troubles digestifs, une perte brutale de l’odorat et du goût… Ensuite, il reste positif entre 20 et 37 jours après les premiers symptômes, selon une étude publiée dans The Lancet mi-mars », souligne le spécialiste. Une personne contaminée pourrait donc être contagieuse jusqu’à 40 jours en tout !

30 % des personnes infectées seraient asymptomatiques

De même, une personne asymptomatique ou « porteuse saine » (30 % des personnes infectées selon des estimations scientifiques) est aussi contagieuse via ses postillons ou excrétions nasales pendant une durée similaire. Pour contenir l’épidémie, les scientifiques recommandent donc un confinement… long et le port du masque, qui font défaut à la population générale.

Un déconfinement trop précoce se traduirait par un nouvel afflux vers les services de réanimation, encore saturés, en particulier en Île-De-France et dans la région Grand Est.

Ce SRAS-CoV-2 présente une autre particularité : il induit dans les cas graves de longs séjours en réanimation, entre 2 et 3 semaines, une durée inhabituelle dans ces unités de soin.

Le retour à la vie d’avant, pas pour tout de suite

On comprend mieux pourquoi le déconfinement doit être « progressif » et son organisation risque d’être complexe. Se fera-t-il par région, par tranche d’âges, après dépistage massif de la population, fourniture de masques à tous, géolocalisation et traçage de contacts… ?

Quoi qu’il en soit, la sortie du confinement ne signifiera pas retour à la normale. Dans un avis transmis le 2 avril, le Conseil scientifique (dont fait partie le professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux) a énuméré les critères sur lesquels cette sortie pourrait se baser :

  • maîtrise de la saturation des services de réanimation;
  • reconstitution des stocks de matériels et de traitements spécifiques à la réanimation;
  • possibilité pour les soignants de se remettre de « l’effort considérable fourni »;
  • Autre condition : la réduction du nombre de cas suffisamment importante pour permettre la détection systématique des cas nouveaux.

Par ailleurs, des mesures de distanciation sociale doivent être maintenues pendant la période post-confinement. C’est pourquoi les bars et restaurants seront maintenus fermés. En revanche, les écoles, collèges et lycées pourraient reprendre, à la joie de nombreux parents.

Enfin, les protections matérielles comme les gels hydro-alcooliques et les masques devront être disponibles en priorité pour les soignants, les personnes en situation d’exposition au virus aussi, enfin pour l’ensemble de la population comme en Asie.

Bientôt une application contre le Covid ?

Le Conseil scientifique prône aussi « des capacités de diagnostic rapide d’infection aiguë » (tests PCR, tests sérologiques…) et de « nouveaux outils numériques permettant de renforcer l’efficacité du contrôle sanitaire de l’épidémie ». Pour ce faire, le gouvernement a confié à l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) la conception de « StopCovid », une appli pour smartphone de traçage numérique des malades et des personnes avec qui ils ont été en contact.

Évidemment, la découverte de traitements efficaces contre le virus et/ou la mise au point d’un vaccin (il y a d’ores et déjà 115 candidats vaccins) modifieront ces stratégies. L’entreprise américaine Moderna Therapeutics, la plus avancée dans la course au vaccin, annonce comme possible la vaccination du personnel soignant, en première ligne, à l’automne.

Florence Heimburger

 

 

Image par Pexels de Pixabay

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