ADN

L’empreinte génétique, « reine des preuves » ? Puissante et fiable, cette preuve n’en est pas moins détrônée par les empreintes digitales car elle ne distingue pas les vrais jumeaux. Mais l’ADN a plus d’un effet dans sa manche et se défend plutôt bien dans les affaires de filiation.

Jusqu’au XIXe siècle, la justice ne jurait que par les aveux et les témoignages. Puis la science s’invite peu à peu dans l’enquête avec l’anthropologie criminelle, la balistique, la toxicologie… En 1910, le premier laboratoire de police scientifique est né. Et français, svp ! En 1985, Alec Jeffreys ajoute une toute nouvelle preuve à la panoplie d’enquêteur : les empreintes génétiques. Balayent-elles pour autant la bonne vieille méthode des empreintes digitales de Edward Henry (voir encadré) ? L’enquête est ouverte !

L’empreinte génétique confondue en cas de gémellité

L’ère du digital et de la génétique a transformé Holmes en Expert. Aujourd’hui, il interroge les bases de données. La truffe au ras du sol, notre expert ne se contente plus de traces externes. Il piste votre identité au plus intime de vos cellules, à partir de l’ADN trouvé dans les cheveux, le sang, le sperme, la salive, ou même vos chicots…

Pour vous identifier, les experts ciblent plusieurs endroits où la molécule d’ADN bégaye. C’est le nombre de fois où la « syllabe génétique » est répétée qui vous différencie d’un autre. Sauf dans un cas : celui des jumeaux ! Précisons, les « vrais jumeaux », car ils sont issus du même œuf et partagent le même génome. Et les empreintes digitales ? Elles sont à la fois sous dépendance de facteurs génétiques et de facteurs environnementaux utérins. Les vrais jumeaux auront donc deux traces papillaires (reliefs des empreintes digitales) différentes.

Verdict ? Les empreintes digitales sont plus discriminantes que les empreintes génétiques !

Pour l’enquêteur, les traces ADN et papillaires sont complémentaires. Cependant, les traces ADN, plus nombreuses et exploitables sur quasiment tous les supports, servent plus souvent et à décharge. Dans l’affaire de la jeune anglaise, Caroline Dickinson, l’ADN extrait des traces de sperme laissé par le violeur a, dans un premier temps, permis de disculper un sans-abri placé en garde à vue.

Sur les traces de nos origines

L’ADN parle de nous, mais aussi de nos parents, de nos ancêtres et même de l’histoire de l’humanité. Si la justice a recours aux empreintes génétiques pour des recherches de filiation, nombre de personnes sont en quête de leur racine et font appel à des laboratoires privés comme Oxford Ancestry à Cambridge. Un auvergnat a découvert qu’il possédait 3% d’ADN mongol. Un leg des invasions qui ont eu lieu en Europe au XIIIe siècle ? Plus fort : les généticiens sont même remontés jusqu’à l’«Ève mitochondriale* » dont seraient issues les 7 premières lignées humaines.

Suivre le fil de l’ADN nous promet encore bien des découvertes.

Sophie Nicaud

 

* baptisée ainsi car son existence a été déduite de l’étude des gènes des mitochondries (article référence : Mitochondrial DNA and human evolution, Nature, 1987, livre sur les 7 lignées : Les sept filles d’Ève de Bryan Sykes, 2001, Albin Michel )

 

Les empreintes digitales
La dactyloscopie est l’étude des empreintes digitales (ou traces papillaires). Francis Galton est considéré comme le grand spécialiste de la question avec la publication, en 1892, de Finger Prints. Quatre ans plus tard, la police s’approprie la technique grâce à un inspecteur général de police au Bengale, Edward Henry.  Il publiera un système de classification et d’indexation publié en 1900  qui permet de retrouver rapidement une empreinte parmi des milliers. Les dessins papillaires se forment vers la 10e semaine de grossesse et sont le fruit, à la fois de facteurs génétiques et de la pression du liquide amniotique sur l’épiderme.

Les empreintes génétiques
L’établissement d’un profil ADN se fait sur une douzaine de régions du génome. Chaque région ou marqueur, correspond à une séquence répétée un certain nombre de fois. Les chromosomes allant par paire, nous pouvons avoir des versions différente (allèles) ou non pour chaque individu. Une fois l’ADN extrait de l’échantillon, les régions contenant les marqueurs sont amplifiés par PCR . Les fragments d’ADN sont ensuite séparés selon leur taille dans un gel électrophorétique. Chaque fragment est marqué par un fluorophore qui permet de calculer sa vitesse de migration et donc sa taille.  Le profil ADN est donc une succession de pics donnant pour chaque marqueur la quantité de fluorescence émise en fonction de la taille du fragment amplifié.

 

Image par Arek Socha de Pixabay

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