chauve-souris

L’installation des premières colonies de chauves-souris suscite cette année de nouvelles inquiétudes. Aux questions habituelles, s’ajoutent des préoccupations liées à la pandémie en cours.
Laurent Arthur, conservateur adjoint au Muséum de Bourges, spécialiste des chiroptères, nous aide à démêler le vrai du faux.

Idée n°1 : Je peux attraper le Covid-19 au contact d’une chauve-souris

FAUX ! « Il est impossible d’attraper le Covid-19 en ayant des chauve-souris chez soi » rassure Laurent Arthur, conservateur adjoint au Muséum de Bourges. Des virus proches du SARS-CoV-2 (responsable de la maladie COVID 19) ont certes été découverts chez des chauves-souris du genre Rhinolophus présentes en Asie du Sud-Est, mais celles-ci ne sont pas responsables de l’épidémie qui sévit en France et dans le monde. Il semblerait d’ailleurs que le SARS-CoV-2 ait une origine double (chauve-souris et pangolin).

Quel que soit son réservoir animal, le passage du virus de l’animal non humain à l’animal humain nécessite des conditions particulières. « Il nous faut aussi garder à l’esprit que certaines de nos activités humaines, comme le commerce des animaux sauvages, la déforestation intensive ou les transports internationaux ont grandement favorisé la diffusion du virus. » 

Idée n°2 : Je peux attraper d’autres maladies, au contact de leur guano

FAUX. «  Le guano des espèces européennes n’héberge pas de virus pathogènes, il serait donc dommage de se priver de cet excellent engrais » que l’on peut récupérer en plaçant une bâche sous les colonies visibles. Si l’on veut se livrer à un grand nettoyage hivernal de sa grange ou de son grenier, il est en revanche conseillé de se protéger des poussières en portant un masque, des gants et de se laver les mains ensuite. « Comme on le fait ou comme on devrait le faire après avoir changé la litière de son chat ».

Petit rhinolophe. PHOTO DR : Laurent ARTHUR

Ce superbe Petit rhinolophe fait partie des 34 espèces de chauves-souris observables en France. PHOTO Laurent ARTHUR

Idée n°3 : Les chauve-souris sont tout de même des nids à virus !

FAUX. « Tous les mammifères, hommes compris, hébergent des virus. Ils vivent en nous et à l’extérieur de nous », et nous sommes aussi le résultat de cette coévolution. Quant aux chauves-souris, elles ne sont pas plus « sales » ou infestées de virus, bactéries ou microbes qu’un chat domestique. « L’homme cohabite d’ailleurs avec elles depuis des siècles au sein des granges, des greniers et autres clochers ! », tempère Laurent Arthur.

La seule maladie connue en Europe susceptible d’être transmise à l’homme est la rage des chauves-souris qui concerne à 99% les sérotines communes. « A ce jour personne n’en est jamais mort en France, mais pour ne courir aucun risque le mieux est de ne jamais manipuler ces espèces à mains nues.»

Idée n°4 : Mieux vaut ne pas toucher une chauve-souris !

VRAI. Avec les chauves-souris, comme avec n’importe quel animal sauvage, mieux vaut garder ses distances. Non pas crainte, mais par respect ! « La plupart des espèces sauvages ne recherchent pas la présence de l’homme », commente Laurent Arthur. En revanche, si l’animal est malade ou blessé il faut bien évidemment lui venir en aide, en prenant toutes les précautions d’usage. « Une chauve-souris qui souffre peut mordre la main, même secourable, de qui s’avance ». Le port des gants en cuir est alors recommandé.

Le reste du temps, l’observation à distance sera source d’émerveillement et de distraction, bienvenue en ces temps de confinement.

Alexandrine Civard-Racinais

Photos : Laurent Arthur

 

À savoir : Un document pédagogique destiné à présenter les caractéristiques de la chauve-souris et à tordre le cou aux reçues sera bientôt disponible sur le site de la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM) et de la fédération des Conservatoires d’espaces naturels (CEN).

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