abeilles

Une équipe de biologistes américains a analysé plus de 1 500 danses d’abeilles afin de mieux comprendre leurs préférences alimentaires. Un enjeu important dans le contexte d’un déclin alarmant des populations d’abeilles aux États-Unis, mais aussi en France.

Grâce aux travaux décisifs de l’entomologiste allemand Karl Von Frisch, publiés dès les années 30, on sait que lorsqu’une abeille déniche une parcelle de fleurs particulièrement intéressante, elle en informe aussitôt les autres butineuses en se livrant à une danse très codifiée. Cette danse constitue l’un des exemples les plus complexes de communication animale. Une étude parue récemment dans la revue Plos One, vient de montrer que ce mode de communication était particulièrement utilisé à certaines périodes de l’année.

Plus de danses en fin de saison

En analysant 1 528 danses d’abeilles issues de colonies placées à proximité de deux prairies restaurées du Minnesota, une équipe de biologistes américains s’est rendue compte que « la proportion de ces danses indiquant la présence de ressources à l’intérieur de ces prairies augmentait significativement en fin d’été et au début de l’automne ». Ceci pourrait s’expliquer par le fait que les colonies se préparent à l’hiver.

« Cette période est la plus critique des périodes critiques pour les abeilles, car elles se nourrissent sur leurs réserves pendant l’hiver » commente Vincent Bretagnolle, chercheur au CNRS et animateur de la Zone Atelier « Plaine & Val de Sèvre » sur laquelle de nombreuses études empiriques ont été réalisées depuis 2008. Une diminution des réserves hivernales liée à un manque de ressources florales entre avril et octobre, et une sensibilité accrue au Varroa, un acarien parasite des ruchers peut réduire de 30% la survie des ruches.

Les plantes spontanément présentes dans les habitats semi-naturels ou dans les cultures, telles que le coquelicot et autres plantes adventices font partie des ressources florales des abeilles. PHOTO Vincent Bretagnolle

Éloge de la diversité floristique

En analysant le pollen ramené par les butineuses, les chercheurs américains ont aussi identifié sept espèces de fleurs de prairies considérées comme des ressources intéressantes par les abeilles. « Ces résultats suggèrent qu’il serait peut être pertinent d’introduire certaines espèces de fleurs de prairie (…) pour augmenter les chances des abeilles », soulignent les auteurs de l’étude.

Pour Vincent Bretagnolle, il importe surtout de préserver la diversité des milieux et des plantes, car « les besoins des abeilles varient au fil de la saison et il n’y a pas de mélange parfait ». Les études menées dans la ZA « Plaine & Val de Sèvre » ont d’ailleurs montré que « les abeilles butinent plus de 250 espèces de plantes différentes », ce qui implique qu’elles puissent évoluer dans « des paysages hétérogènes comprenant des bosquets et des friches associées ainsi que des systèmes de culture diversifiés. »

Alexandrine Civard-Racinais

La danse des abeilles en vidéo

Au cours de leur danse, les abeilles font vibrer leur abdomen de façon à décrire l’angle indiquant la direction des fleurs. Dans cette vidéo explicative (en anglais) proposée par Margaret Couvillon, co-auteure de l’étude citée dessus, l’abeille indique que la nourriture se trouve sur la gauche, en faisant un angle de 270° par rapport au soleil (0° est la direction du soleil, 180° est la direction opposée, 270° est à gauche). Pour indiquer la distance, l’abeille fait varier la durée de vibration de son corps: une seconde équivaut à environ 750 mètres. Enfin, plus la source de nourriture est abondante, plus l’abeille va répéter la danse, et effectuer des rotations rapides.

 

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