Houh, houh ! C’est Halloween ! C’est aujourd’hui le 31 octobre où l’on commémore le souvenir des défunts. Une journée où enfants et adultes recherchent ces déguisements effrayants propices à une telle célébration
Dans nos vies, nous avons tous connu la peur. Mais Halloween, c’est ce moment spécial où nous sommes nous-mêmes à la recherche de cet élan qui, habituellement, accompagne l’effroi. Avez-vous besoin d’un « spécialiste de la peur » pour la fête de cette année ? Ne cherchez pas plus loin que votre propre cerveau.
Peut-être allez-vous passer cette soirée à regarder Les Griffes de la nuit en vous masquant les yeux ? Ou bien préféreriez-vous errer dans une maison hantée en guettant l’apparition de vampires ou de créatures surgissant de leur cachette ?
Quels que soient vos goûts, confronté à des situations qui vous font froid dans le dos (ou qui vous chatouillent la colonne vertébrale), votre cerveau entre dans ce mode opératoire : combattre, ou fuir. Cette façon de réagir relève d’un mécanisme primitif de survie où votre corps répond par une réaction de stress face à une menace surgie dans notre environnement.
Menace mentale
Si, à l’origine, cette réaction intervenait pour aider nos ancêtres à échapper aux prédateurs dans un monde empli de dangers, aujourd’hui, on ressent plus couramment ces sensations en cas de menaces mentales : à savoir des menaces peu susceptibles de mettre en danger notre intégrité physique mais celles capables probablement de déclencher une détresse psychologique.
Le dilemme combattre ou fuir provoque une réaction de votre amygdale, la partie de votre cerveau impliqué dans le fonctionnement émotionnel. Ce système cérébral originel fait partie intégrante du processus de peur, mais il est incapable de distinguer entre menace physique et menace mentale. Tandis que des paumes moites et de l’angoisse peuvent se justifier face à la présence d’un ours affamé, elles se manifestent également sous forme de scénarios anxiogènes quand il s’agit d’un entretien d’embauche ou en visionnant un film d’horreur.
Beaucoup d’éléments étayent l’implication de l’amygdale dans le processus de peur. Le plus impressionnant : si l’on enlève entièrement sur des rats cette partie du cerveau, ils ne manifestent plus la moindre conduite de peur ou d’évitement face à leur ennemi juré, le chat.
Ainsi, au moment où la bande-son angoissante de votre film d’horreur se met à résonner de plus en plus fort et où l’apparition soudaine du meurtrier masqué vous fait sursauter, voilà qui servira de stimulus pour déclencher un signal dans votre amygdale. En réponse à la menace perçue, une substance cérébrale chimique, le glutamate, va être libérée et agir dans deux autres zones du cerveau. Le premier signal est envoyé en profondeur à la base du cerveau moyen (mésencéphale) que l’on n’arrive pas vraiment à contrôler. Ce qui risque de nous glacer ou bien de nous faire sursauter involontairement, et ce n’est guère indiqué si l’on tient un sachet de pop-corn sur les genoux.
Le second signal est adressé à l’hypothalamus, une région du cerveau responsable de la production d’hormones. L’hypothalamus actionne notre système nerveux autonome, ce qui explique le déclenchement de notre instinct « combattre ou fuir ». Le rythme cardiaque et la pression sanguine augmentent, l’adrénaline et la dopamine (l’« hormone de récompense » du cerveau) sont diffusées dans tout le corps. Cela aide nos organismes à se préparer, soit pour engager le combat fatal, soit pour prendre nos jambes à notre cou. Voilà pourquoi vous ressentez une telle pulsion chaque fois que vous êtes effrayé.
Pourquoi certains aiment ça
Certaines personnes apprécient plus que d’autres ces expériences de frayeur et le rush qui les accompagne. Peut-être faites-vous partie de ces gens qui regardent des films d’horreur tout au long de l’année ou qui recherchent des sports de l’extrême ou encore des activités à risque.
Une constatation est en train d’émerger : notre chimie cérébrale sous-jacente serait aussi responsable des différences existant entre les individus prenant plaisir à avoir peur et les autres. Les travaux de David Zald et de ses collègues à l’université Vanderbild l’ont prouvé : en réponse à des situations qui donnent le frisson, les individus manifestent des réactions tout à fait diversifiées. La dopamine, nous le savons, se libère face à des contextes effrayants ou électrisants. Mais, chez les personnes déclarant raffoler de ce genre de situations, leur cerveau est dépourvu d’un « frein » réglant la libération de la dopamine et sa recapture par les neurones dans le cerveau.
Cela signifie une chose : c’est en raison de niveaux de dopamine plus élevés dans leur cerveau que ces individus éprouvent davantage de plaisir et de récompense face à des situations effrayantes ou à risque. Certains d’entre nous peuvent bien se recroqueviller peureusement rien qu’à entendre le nom du monstre des Griffes de la nuit, d’autres au contraire sentiront des bulles d’excitation monter en eux.
Et voilà pourquoi vous prenez peut-être votre pied grâce aux vampires, aux fantômes, aux bestioles à longues pattes, sans oublier ces choses terribles qui surgissent hors de la nuit.
Kira Shaw, Postdoctoral Researcher in Neuroscience, University of Sussex
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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