La réponse est oui, mais… Mais buvons plutôt, c’est ce qu’il y a de mieux à faire. Non, vraiment ?

En fait, si pendant le repas de Noël, Tata Lucette se met à piauler pour tenter de casser un verre parce qu’elle en a un dans le nez, il y a de fortes chances qu’elle brise autre chose, mais pas le verre. Car, pour réussir cet exploit, il faut déjà entrer en résonance avec le verre, et ce n’est pas simple.

Tous les sons ont une fréquence qui se mesure en hertz. C’est-à-dire qu’un son, c’est une vibration de l’air qui se dilate et se contracte à grande vitesse. Une fréquence de 100 hertz exprime un son qui fait vibrer l’air 100 fois par seconde. Si l’on tapote un verre, il tinte avec un son qui correspond à sa fréquence fondamentale. Généralement, elle tourne aux alentours de 400 hertz.

Si l’on émet un son qui s’accorde parfaitement à cette fréquence, il entre en résonance : il se met à vibrer, c’est-à-dire que ses parois sont parcourues de mouvements de contractions-dilatations correspondant au nombre de vibrations par seconde (au nombre de hertz donc) de sa fréquence fondamentale. Comme le verre, bien que très solide, n’est pas élastique, ce mouvement finit par le briser.

Les ponts aussi

Pour ce faire, il faut que le son émis corresponde parfaitement et continûment à la fréquence fondamentale du verre et qu’il soit assez fort. Si ces deux éléments ne sont pas réunis, cela n’aura pas d’effet. Vous pouvez hurler tout votre saoul à côté de lui et même faire décoller un avion, le verre y sera totalement indifférent. Seuls, quelques chanteurs lyriques sont capables d’obtenir une telle pureté du son, et encore… La voix humaine n’est pas capable d’émettre une fréquence pure, et même les meilleurs chanteurs font varier leur fréquence d’une manière minime mais suffisante pour ne pas pouvoir casser un verre. Pour y parvenir, il vaut mieux faire émettre le son, sur haut-parleur, par une machine.
Autant dire que si la Castafiore chante vraiment aussi faux que le dit Hergé, elle est disqualifiée d’office.

Tous les objets ont leur propre résonance fondamentale. L’exemple le plus connu est celui du pont de la Basse-Chaîne, à Angers, en Maine-et-Loire, qui se serait effondré en 1850 en entrant en résonance avec le pas cadencé des soldats qui le passaient.

En fait, c’est en partie une légende puisque d’autres éléments (comme la tempête qui sévissait et l’oxydation des câbles) sont entrés en ligne de compte. En revanche, pour le spectaculaire effondrement du pont de Tacoma, aux États-Unis, filmé en 1940, l’entrée en résonance sous l’effet du vent est évidente : on voit bien là que ce n’est pas le son lui-même qui brise l’objet, mais son mouvement qui devient insupportable. Un peu comme quand Tata Lucette se met à chanter.

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