C’est le printemps et c’est le moment, à l’instar de l’araignée apportant un cadavre de mouche à sa femelle pour la séduire, d’apporter un bouquet de roses rouges à sa belle qui, si elle a fait un peu de botanique, s’exclamera : « Tudieu, quelles belles anthocyanes ! »
Ainsi naissent les belles histoires et la couleur des fleurs. Car ce sont des pigments qui sont responsables de la couleur des fleurs qui, en renvoyant certaines longueurs d’onde du spectre solaire, donnent à voir la teinte qu’ils n’absorbent pas.
Et ils ne sont pas très nombreux, compte tenu de la variété des couleurs présentes dans la nature : c’est leur concentration et leurs croisements dans les pétales qui produisent toutes ces nuances. Il y a d’abord les caroténoïdes, dont principalement les carotènes (jaune-orangé) et les xanthophylles (carotènes avec atomes d’oxygène : jaune, orange et rouge).
On trouve aussi des flavonoïdes qui empêchent les ultraviolets de pénétrer dans les cellules et d’y détruire les protéines. Le plus connu est l’anthocyane, qui va du bleu au rouge en fonction des composés qu’elle puise dans le sol.
C’est elle qui crée les nuances des hortensias qui seront bleus dans un sol acide, roses dans un sol basique et blancs dans un sol neutre. Enfin… pas tout à fait blanc car cette couleur n’existe pas dans les fleurs.
Mélanine et carotène
Même imperceptiblement, les fleurs que l’on croit blanches ont toujours une légère coloration. Autre couleur inexistante : le noir, et tant pis pour Alexandre Dumas et sa tulipe. Si elles étaient vraiment noires, rien n’arrêterait les ultraviolets qui les détruiraient.
Toutefois, la plupart des fleurs ne doivent pas leurs couleurs au sol (qui peuvent les nuancer) mais, comme nous, à leurs parents. Enfin, les mélanines (les mêmes qui sont responsables
de la coloration de notre peau et de nos cheveux) donnent des couleurs du jaune au brun. D’ailleurs, la mélanine n’est pas le seul pigment présent dans les plantes et les animaux : les flamants roses seraient blancs s’ils ne mangeaient pas des crevettes se nourrissant de caroténoïdes et c’est le carotène qui donne la couleur des canaris.
Pourquoi ces couleurs ? Comme toujours, c’est la reproduction qui fait faire n’importe quoi. Au cours de l’évolution, les plantes ont fait assaut de séduction pour attirer les meilleurs pollinisateurs et beaucoup de fleurs sont jaunes pour attirer les abeilles qui y sont sensibles, ainsi qu’au bleu.
Pour autant, si le rouge ne les passionne pas des masses, d’autres insectes (notamment le scarabée)
s’en chargent et les abeilles sont quand même intéressées par l’ultraviolet que renvoient les coquelicots et que nos yeux ne perçoivent pas.
Ainsi, les plantes qui n’ont pas besoin de pollinisateurs pour se reproduire, comme beaucoup de graminées qui le font grâce au vent, se contentent de fleurs utilitaires, petites, sans parfum et sans couleur sexy. On dira qu’elles ont un charme intérieur.
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