Les études menées en sociologie, en économie ou encore dans le domaine de la science politique sont nécessaires au fonctionnement de nos sociétés. Pourtant, elles ne fournissent ni mode d’emploi, ni solution « clés en main » qui pourraient être directement utilisées par les politiques. Mais elles proposent de réelles clés de compréhension de notre monde       

Les sciences humaines et sociales englobent un grand nombre de disciplines. D’après la classification établie par le CNRS, on y trouve notamment la sociologie, le droit, la linguistique, les sciences politiques, l’histoire, la géographie, l’archéologie, l’anthropologie ou encore l’économie.

Ces différentes disciplines s’intéressent à des objets de recherche variés. Il peut s’agir d’étudier des actions collectives et des mobilisations tel que le mouvement des gilets jaunes, de se pencher sur les politiques publiques, d’analyser les dynamiques conduisant aux inégalités, ou d’explorer la question du genre.

Néanmoins, un reproche est souvent formulé par les détracteurs des sciences humaines et sociales : elles n’auraient aucun intérêt concret pour la société, là où des sciences telles que la physique et la chimie nous permettent d’inventer de nouvelles technologies par exemple. 

Analyser des enjeux sociaux

Pourtant, les sciences humaines et sociales sont bel et bien des outils utiles au fonctionnement de nos sociétés. Le chercheur français Émile Durkheim, considéré comme l’un des pères fondateurs de la sociologie moderne qui a émergé vers la fin du XIXe siècle, avait justement pour objectif principal de mettre cette discipline au service de la collectivité.

Le but ? S’appuyer sur des connaissances obtenues en suivant une démarche scientifique afin de réformer la société. En somme, il s’agit d’analyser les problèmes pour mieux les résoudre. Et Durkheim va mettre en pratique sa méthodologie. En 1897, il publie un ouvrage révolutionnaire intitulé Le suicide dans lequel il démontre que ce que l’on imaginait être jusque là un phénomène uniquement déterminé par l’intime et la psychologie individuelle est en réalité un fait social à part entière. Il identifie notamment l’isolement social comme étant un facteur de risque, et indique qu’il faut agir sur ce point pour réduire le nombre de suicides dans notre société.  

Forger des clés de compréhension du monde

Les sciences humaines et sociales sont désormais au cœur de nombreux défis actuels, à commencer par les enjeux environnementaux et la transition énergétique. Car la réussite de cette transition ne repose pas uniquement sur le progrès technique.

La technologie et les dispositifs de politiques publiques ne peuvent en effet pas être pensés sans tenir compte des usagers, de leurs pratiques, et des collectifs dans lesquels ils évoluent. « Les sciences humaines et sociales nous aident à mieux cerner les freins et les leviers à l’évolution des pratiques individuelles, mais aussi à l’émergence d’initiatives collectives, ainsi que les évolutions institutionnelles nécessaires pour aller vers de nouveaux modèles économiques et de gouvernance », indique l’Agence de la transition écologique (ADEME).

Si les sciences humaines et sociales forgent des idées et des outils intellectuels, il ne faut pas attendre de ces disciplines qu’elles fournissent des solutions clés en main aux politiques ou bien des modes d’emploi juridiques et normatifs.

L’utilité de ces disciplines est de proposer des clés de compréhension et d’analyse de notre monde. Mais c’est ensuite aux responsables politiques et aux citoyens de s’en saisir pour faire évoluer notre société.

Thomas Allard

Avec le soutien du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation

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