En tous les cas, la chasse à la baleine est basque, ce qui n’est pas le plus glorieux épisode de l’histoire d’Euskadi, même s’il fallait quand même avoir un certain courage pour embarquer au XIe siècle dans des barques fragiles pour aller rapporter de quoi se nourrir (de sa chair), s’éclairer (grâce à sa graisse) et, plus tard, fournir la corseterie en fanons (1).

Le premier indice d’une chasse à la baleine dans le monde se trouve dans des grottes préhistoriques ornées, situées dans l’actuelle Corée du Sud. On en retrouve ensuite en Europe, les Norvégiens et les Normands commencent à pratiquer cette chasse au IXe siècle. Mais les Basques sont les premiers Européens à s’y atteler de manière régulière. Au début, on commence par ramasser les animaux échoués sur la plage. Mais on va rapidement s’embarquer pour une chasse dont la technique, pour ingénieuse qu’elle soit, laisse un peu pantois : on capturait le baleineau que sa mère venait alors sauver et on la tuait dès qu’elle s’approchait assez près. Un peu raide.

Une aventure sanglante

Biarritz et Bayonne sont alors les deux principaux ports de pêche à la baleine. Ces mammifères, s’ils sont encore nombreux au début du XVe siècle, finissent par disparaître peu à peu du golfe de Gascogne, d’autant plus qu’entre-temps les Basques du côté espagnol se sont mis eux aussi à les chasser. Mais, comme l’habitude est prise, on va chercher la baleine de plus en plus loin, jusqu’au large de Terre-Neuve et du Groenland, dès le XVIe siècle. La saison commence en mars et les bateaux reviennent au début de septembre. Enfin, ceux qui reviennent, car les pertes sont importantes. Et ça continue : guidés par des capitaines et des pêcheurs basques, les Hollandais et les Anglais s’y mettent à leur tour et l’animal se fait de plus en plus rare. On rapporte quand même qu’en 1741 une baleine s’est introduite dans l’Adour. Les locaux ne prennent pas le temps de profiter du spectacle : ils la tuent. Ah, les bonnes vieilles habitudes…


De cette aventure sanglante étalée sur huit siècles, il reste aujourd’hui un nom : la baleine des Basques, qui porte cette dénomination comme un fardeau. Car c’est l’un des surnoms, ainsi que « baleine de Biscaye », de la baleine de l’Atlantique nord, qui est vraisemblablement celle qui a été massacrée dans le golfe de Gascogne, d’autant plus facilement qu’elle est plutôt pacifique et lente. Nommée aussi « right whale » (baleine franche) par les Anglais, elle est aujourd’hui l’une des espèces les plus menacées : il n’en reste que 200 à 300 individus dans l’Atlantique nord.

(1) Définition du Larousse : « Lame cornée
issue de la mâchoire supérieure et qui
garnit la bouche des baleines. »

Jean-Luc Eluard

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