Que ce soit pour capter le CO₂ dans l’atmosphère, pour améliorer les moyens de production énergétique bas carbone, ou encore pour identifier la manière dont nous pourrions évoluer vers des sociétés plus sobres, les scientifiques sont pleinement mobilisés dans la lutte contre le changement climatique

« L’effondrement climatique a commencé », déplorait en septembre dernier le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Selon les mesures effectuées par l’Observatoire européen Copernicus, les mois de juillet et août 2023 ont été les plus chauds jamais enregistrés dans l’hémisphère Nord.

La cause de ce changement climatique a été clairement identifié par les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ce sont les gaz à effet de serre, et principalement le CO₂, rejetés dans l’atmosphère par les activités humaines depuis le début de l’ère industrielle qui sont à l’origine de ce réchauffement climatique. Si le monde reste sur la trajectoire actuelle, il se dirige vers un réchauffement moyen qui pourrait atteindre 3,8°C à la fin de ce siècle.

Capter le carbone

Pour lutter contre le changement climatique, certains scientifiques imaginent donc des techniques permettant de capter le surplus de CO₂ déjà présent dans l’atmosphère. Ces technologies de captage et de capture du carbone sont principalement développées par les pays dont l’économie repose sur les énergies fossiles, États-Unis et Canada en tête.

Mais ces techniques ne sont pour l’instant qu’au stade expérimental. Et même si elles parvenaient à se développer très massivement dans le monde, elles ne permettraient de capter que 7,6 gigatonnes de CO₂ chaque année d’ici 2050. A titre de comparaison, les émissions mondiales de CO₂ d’origine fossile s’élevaient à 37,1 gigatonnes en 2021, soit près de 5 fois plus que ce que les techniques de capture ne pourraient absorber.

Développer de telles technologies sera donc nécessaire, mais pas suffisant.   

Changer les moyens de production

Car la solution la plus pertinente et la plus pragmatique reste d’intensifier nos efforts pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Afin de limiter le réchauffement global en-dessous d’1,5°C, le GIEC estime que l’humanité devra réduire sa consommation de charbon de 95 %, celle de pétrole devra baisser de 60 % et enfin celle de gaz de 45 %.

Pour pallier à cette diminution de la consommation d’énergie fossiles, la part d’électricité dans le mix énergétique mondial est appelée à augmenter très largement : elle passerait de 20 % aujourd’hui à 50 % en 2050. Mais cette électricité devra être produite principalement à partir de moyens de production bas carbone. Les scientifiques travaillent donc à l’amélioration des technologies de production d’énergie renouvelable.

Selon un rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, la part de ces dernières dans le secteur de l’électricité devrait sensiblement augmenter et passer de 25 % en 2017, à 85 % en 2050, principalement grâce à la croissance de la production d’énergie solaire et éolienne.

Un effort de sobriété

Mais le moyen le plus rapide d’arriver à réduire nos émissions sera de modifier nos modes de vie. « Si nous opérons les bons choix en matière de politique, d’infrastructures et de technologies, nous pourrons changer nos modes de vie et nos comportements, avec à la clé une diminution de 40 à 70 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 », indiquait Priyadarshi Shukla, coprésident du groupe de travail numéro 3 du GIEC, au moment de la publication du rapport évaluant les pistes d’atténuation du réchauffement, en avril 2022.

Il s’agit notamment d’éviter l’utilisation de la voiture et de moins prendre l’avion, ou encore de changer son alimentation en privilégiant les protéines végétales aux protéines animales. Dans ce contexte, les chercheuses et chercheurs en science humaine et sociale ont un rôle crucial à jouer : il s’agit notamment d’identifier les facteurs structurels, sociaux ou psychologiques qui pourraient empêcher ou ralentir les changements nécessaires, et d’imaginer comment nous pourrions les surmonter.

« Comprendre les conséquences sur les sociétés est devenu tout aussi crucial que l’analyse des phénomènes physiques », expliquait Stéphanie Vermeersch, directrice adjointe scientifique au CNRS lors du colloque « Science des points de bascule » en octobre 2023. Mais il faudra néanmoins que ces changements se traduisent ensuite au niveau politique.

Une chose est sûre, le chemin vers la neutralité carbone est encore long.   

Thomas Allard

Avec le soutien du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation

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