C’est le point de départ de tous les scénarii apocalyptiques : qu’est-ce qu’il reste après une catastrophe nucléaire ? Rien du tout comme chez Mad Max ? Ou une Terre régénérée comme dans The 100 ? Un peu des deux

Pour comprendre les effets d’une bombe nucléaire, il faut savoir que tout dépend de la distance. A proximité, pas la peine d’insister : dans la zone de l’explosion d’une bombe, la température monte à 300 000°C. Bref, c’est chaud pour qu’il y ait quoi que ce soit qui survive. Concernant Hiroshima, cette zone faisait 12 km². On fait mieux depuis en terme de puissance mais cette destruction n’a rien à voir avec une irradiation.

C’est ensuite que l’on parle de « retombées radioactives » : les poussières provoquées par le souffle de l’explosion sont envoyées dans la haute atmosphère où elles s’associent à des atomes instables. Ce sont elles qui provoquent des brûlures, des nausées pouvant entraîner la mort presque immédiate ou plus tard par le biais de cancers. Près de Tchernobyl, en 1986, elles ont provoqué le phénomène de « forêt rouge » : les pins proches de la centrale sont morts presque instantanément et leurs aiguilles ont rougi. L’immense majorité des animaux qui y vivaient ont disparu eux aussi.

Des animaux survivent aux radiations

Il y a bien sûr les durs à cuire comme le Deinococcus radioduran qui résiste à 30 000 grays, soit 6 000 fois la dose létale pour l’homme. Pas vraiment un animal sympathique puisque c’est une bactérie que l’on a découvert se baignant tranquillement dans les bassins où refroidissent les barres d’uranium d’une centrale nucléaire. Même chose ou presque pour le fameux tartigrade. Leur secret ? Ils sont capables de réparer leurs gênes endommagés à grande vitesse. Car c’est là la cause principale de mort par irradiation : la mort des cellules car les radionucléides brisent les liaisons de l’ADN. Et c’est ça que ces bêtes réparent.

Le scorpion aussi est un bon client pour survivre (à des doses moins élevées) de même qu’une grande partie des insectes qui sont plus résistants que les animaux plus volumineux. On ne sait pas vraiment pourquoi mais les scientifiques supposent que leur faible nombre de gênes leur permet d’être plus résistants à leur endommagement.

Retour de la vie

Des bactéries, des insectes, des scorpions, etc. l’après-catastrophe, ce n’est pas la fête. Sauf que… des études menées autour de Tchernobyl et Fukushima montrent que la vie revient, y compris dans l’ancienne « forêt rouge ». On a encore du mal à comprendre comment cela fonctionne. le plus souvent, les animaux impactés présentent des mutations qui affectent notamment leurs capacités de reproduction, leur ADN et leur métabolisme lipidique. Mais ils présentent des premiers signes d’adaptation.

Et il se met aussi en place un système dit de « source-puits » : comme la compétition pour les ressources est moindre, des animaux venus de l’extérieur des zones contaminées viennent s’installer pour être tranquilles. Malgré tout, l’équilibre écologique est fortement modifié. Une étude a montré par exemple que peu d’arbres fruitiers étaient nés depuis 40 ans parce les insectes pollinisateurs ne sont pas revenus. Et globalement, les mutations posent question sur la durabilité d’un tel écosystème, particulièrement dans les zones les plus contaminées.

L’absence de l’homme attire des animaux

Mais malgré cela, on retrouve à proximité de Tchernobyl des animaux devenus rares (du moins jusqu’à ce que la guerre actuelle en Ukraine ne change les données). Des ours, des bisons, des loups, des lynx sont désormais présents dans la zone d’exclusion. Tout simplement parce que l’absence d’humains y rend la vie plus tranquille.

Jean Luc Eluard

Avec le soutien du ministère de la culture.

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