Un climat plus chaud, est aussi un climat plus dangereux pour nos organismes. Pour vivre du mieux possible dans une France à + 4°C, il va falloir s’adapter collectivement, mais aussi individuellement

Aux frileux qui se disent qu’un climat plus chaud de quelques degrés peut avoir du bon, rappelons de quoi nous parlons. Dans un scénario à + 4°, nous serons confrontés en été, à « des pics de chaleur beaucoup plus fréquents et chauds, avec des températures extrêmes qui dépasseront 45°C, voire 50°C, à certains endroits », alertait Julien Boé, directeur de recherche au CNRS (CNRS/CERFACS), co-auteur des nouvelles projections sur le climat futur de la France publiées dans la revue Earth Systems Dynamics. Des températures extrêmes déjà atteintes en mai 2022 dans plusieurs villes pakistanaises et indiennes. 

Des effets dangereux, encore mal quantifiés

De telles températures font courir des risques aux animaux humains homéothermes que nous sommes. À partir d’un certain seuil, elles sont même potentiellement mortelles. En particulier pour les enfants et les personnes âgées ou les personnes souffrant de maladies chroniques. En 2022, année la plus chaude jamais enregistrée en France, les vagues de chaleur estivales ont ainsi induit plus de 2 816 décès en excès, relève le Haut Conseil pour le Climat (HCC) dans son dernier rapport.

Si la surmortalité liée aux températures élevées est désormais bien documentée, « nous manquons de données sur l’impact des grandes chaleurs sur le corps humain », déplore Christian Clot, directeur du Human Adaptation Institute qui lancera prochainement un programme d’étude baptisé Heat Adaptation. Tout en insistant sur la nécessité d’agir sans attendre pour se préparer à ce qui vient. Car les températures élevées n’impactent pas seulement la santé physique ou mentale des individus, elles affectent aussi le corps social. Sur le terrain, l’explorateur franco-suisse a ainsi observé que « les grandes chaleurs sur un public non adapté causent une forte détérioration de l’appétence sociale ».

Entre décembre 2022 et juin 2023, Christian Clot a conduit trois missions dans le cadre du programme Deep Climate. La dernière s’est déroulée dans le désert du Néfoub, en Arabie Saoudite. À + de 45°C en journée et + de 25°C la nuit. Des températures prévues en France, à l’horizon 2100. PHOTO Lucas Santucci-Human Adaptation Institute.

Atténuer le risque et adapter nos comportements

Face à ces risques, tout doit être fait aux échelles individuelle et collective pour atténuer nos émissions de gaz à effet de serre. « C’est possible, il faut le faire, vite ! », martèle Christian Clot. Il est également possible de nous protéger « en végétalisant au maximum notre environnement » pour créer des îlots de fraicheur, et savoir en toutes circonstances où trouver de l’eau pour s’hydrater.  En période de fortes chaleurs, il appartient également à chacun d’ajuster ses périodes d’activité. 

Faire un footing à 13h, lors d’un pic de chaleur, parce qu’on a l’habitude de courir pendant sa pause déjeuner, va nécessiter de la part du corps un effort colossal pour maintenir sa température interne à 37,0 °C. Aussi est-il important d’acquérir une culture du risque lié aux fortes températures, « cela peut se faire à l’école et dans les entreprises, à l’image de la manière dont les Japonais s’entrainent pour savoir comment faire face à un séisme, suggère Christian Clot. Car c’est en nous préparant aujourd’hui que nous gagnerons nos futures batailles. » Et une meilleure qualité de vie.

Alexandrine Civard-Racinais

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Avec le soutien du ministère de la culture.

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